Convocation annulée de Brédoumy : Adama Bictogo, gardien des institutions ou médiateur politique ?

Mercredi 30 Avril 2025

Suite à l'annulation de la convocation du député Brédoumy Traoré le 30 avril 2025, l'analyse du double rôle joué par Adama Bictogo entre respect institutionnel et médiation.


Convocation annulée de Brédoumy : Adama Bictogo, gardien des institutions ou médiateur politique ? © Crédit photo DR
Le rôle joué par Adama Bictogo dans l'annulation de la convocation du député Kouassi Brédoumy Soumaïla Traoré soulève des questions sur la nature de sa fonction. Dans un communiqué officiel daté du 30 avril 2025, le président de l'Assemblée nationale confirme avoir reçu le président du groupe parlementaire PDCI-RDA pour discuter de cette affaire, tout en rappelant fermement les principes républicains qui encadrent le statut des parlementaires.

Cette intervention, qui s'est soldée par l'annulation de la convocation à la Préfecture de Police d'Abidjan initialement prévue ce 30 avril, illustre la position délicate du président de l'Assemblée nationale. D'un côté, il apparaît comme le garant intransigeant du respect des institutions ; de l'autre, comme un médiateur pragmatique capable d'œuvrer pour l'apaisement politique. Cette dualité mérite d'être examinée à la lumière des enjeux actuels.

Bictogo, gardien vigilant du cadre institutionnel

Le communiqué publié par Adama Bictogo ne laisse aucune place à l'ambiguïté quant aux obligations légales des parlementaires. « Je tiens à rappeler que tout Parlementaire est tenu de répondre à toute convocation émanant des autorités compétentes », écrit-il, posant clairement que l'immunité parlementaire ne constitue pas un blanc-seing face aux procédures administratives ou judiciaires ordinaires.

Cette fermeté s'exprime également lorsqu'il appelle « au sens de responsabilité de tous les Groupes Parlementaires et de l'ensemble des Députés » et affirme que « notre institution ne saurait être utilisée comme un moyen de se soustraire de nos obligations de citoyen devant la loi ». En clôturant son message par un rappel de l'attachement de l'Assemblée nationale « au principe sacro-saint de séparation des pouvoirs », Bictogo se pose en défenseur rigoureux de l'architecture institutionnelle ivoirienne.

Cette posture peut être interprétée comme une volonté de maintenir l'équilibre des pouvoirs dans un contexte où les tensions politiques pourraient conduire à des remises en question des cadres établis. Elle reflète également la nécessité pour le président de l'Assemblée nationale de préserver l'image et la légitimité de l'institution qu'il dirige face aux critiques potentielles concernant les privilèges des élus.

Bictogo, acteur d'une médiation efficace

Parallèlement à ce discours de fermeté institutionnelle, les faits suggèrent qu'Adama Bictogo a joué un rôle déterminant dans la résolution favorable de cette affaire. Selon les déclarations de Simon Doho, président du groupe parlementaire PDCI-RDA, la convocation a été annulée grâce aux interventions conjointes du président de l'Assemblée nationale et du ministre de l'Intérieur, le Général Vagondo Diomandé.

Le responsable du PDCI-RDA a d'ailleurs exprimé sa gratitude pour leur « grandeur d'esprit » et leur « attachement au dialogue dans le règlement de cette situation », suggérant une action de médiation discrète mais efficace. Cette dimension de l'intervention de Bictogo contraste avec la rigueur apparente de son communiqué officiel et révèle une approche plus pragmatique des tensions politiques.

Ce rôle de médiateur prend une importance particulière dans le contexte actuel où le PDCI-RDA a annoncé des manifestations nationales à partir du 2 mai 2025 pour protester contre les procédures judiciaires visant son président Tidjane Thiam et exiger sa réinscription sur la liste électorale. L'annulation de la convocation du porte-parole du parti pourrait ainsi contribuer à réduire les tensions à l'approche de cette échéance.

Cette double posture d'Adama Bictogo - gardien intransigeant des principes institutionnels dans ses déclarations publiques et médiateur pragmatique en coulisses - illustre les subtilités de la gouvernance politique ivoirienne actuelle. Elle pose également la question de l'équilibre entre respect strict des procédures et nécessité d'adaptation aux réalités politiques, un défi permanent pour les institutions démocratiques face aux périodes de tensions.

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