L'appel à l'apaisement des Évêques Catholiques de Côte d'Ivoire avant le scrutin du 25 octobre

Vendredi 24 Octobre 2025

Les évêques catholiques publient un communiqué alarmant sur la situation sociopolitique, évoquant des morts et violences à la veille du scrutin.


L'appel à l'apaisement des Évêques Catholiques de Côte d'Ivoire avant le scrutin du 25 octobre © Crédit photo DR
La Conférence des Évêques Catholiques de Côte d'Ivoire (CECCI) a publié ce vendredi 24 octobre un communiqué sans détour sur la situation du pays. « Hélas, nous qui espérions avoir été entendus, la situation du moment nous offre un tableau plutôt désolant », écrivent les prélats depuis Daloa. Des morts, des arrestations, des emprisonnements, des blessés : le bilan dressé par l'Église catholique intervient à quelques heures du scrutin présidentiel prévu le 25 octobre. Un message qui résonne comme un cri d'alarme.

Depuis janvier, les évêques multipliaient les appels à la raison. D'abord à Bondoukou lors de leur 126e Assemblée plénière, puis en mars avec une adresse intitulée « Pour une élection présidentielle juste, transparente, inclusive et apaisée », et enfin le 29 juillet dernier par une lettre pastorale. « Nous avons invité à la prière pour que le pouvoir et l'opposition fassent ce qu'il faut à travers des décisions et des actes forts pour sauver la nation ivoirienne », rappellent-ils. Mais force est de constater que leurs recommandations n'ont pas empêché les violences.

Un tableau désolant selon les prélats

« Des morts sont déjà enregistrées, des arrestations, des emprisonnements, des blessés et de nombreux dégâts matériels constatés », détaille le communiqué. Les archevêques et évêques disent s'incliner « devant la mémoire des disparus » et exprimer leur « compassion aux familles éplorées ». Ils forment également des vœux de rétablissement pour les blessés et apportent leur réconfort aux prisonniers, en référence à l'Évangile : « J'étais malade et en prison et vous m'avez visité. »

La métaphore employée par l'Église est sans équivoque. « Le feu est allumé, le brasier est fumant. Jusqu'à quand cela va-t-il durer ? », interrogent les prélats. Une question qui traduit leur exaspération face à une situation qui se dégrade alors même qu'ils n'ont cessé d'alerter depuis le début de l'année. Pour eux, l'heure n'est plus aux discours mais à l'action immédiate.

Prière et jeûne comme seules armes

Face à la gravité de la situation, les évêques appellent à la mobilisation spirituelle. « Chers frères et sœurs, habitants de la Côte d'Ivoire, nous vous invitons instantanément à l'apaisement et au calme », écrivent-ils. Leur message se veut ferme mais empli d'espérance : « Écoutez la voix du Seigneur qui dit : en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. » Une citation de l'Évangile selon Jean (chapitre 15, verset 5) qui résume leur conviction profonde.

La CECCI va plus loin en lançant un appel concret à la prière et au jeûne. « Face à la gravité de la situation, combattons avec les armes de la prière et du jeûne », exhortent les prélats. Ils invitent tous les Ivoiriens à prolonger leur prière « pour la paix en Côte d'Ivoire ». « Que Dieu nous garde dans sa paix. Qu'il préserve notre pays de tout malheur. Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire », concluent-ils.

Ce communiqué daté du 24 octobre 2025 et signé depuis Daloa par l'ensemble des archevêques et évêques du pays constitue l'ultime appel de l'Église catholique avant le vote. Reste à savoir si ce message trouvera un écho auprès des acteurs politiques et des citoyens, alors que cinq candidats s'affrontent pour la magistrature suprême : Alassane Ouattara, Jean-Louis Billon, Simone Ehivet Gbagbo, Henriette Adjoua Lagou et Ahoua Don Mello.

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