Ahoua Don Mello répond à Laurent Gbagbo : "je compte prendre le relais"

Ahoua Don Mello ne se laisse pas déstabiliser. Candidat à l'élection présidentielle du 25 octobre, cet ex-cadre du PPA-CI démis de ses fonctions par Laurent Gbagbo a répondu aux récentes déclarations de son ancien patron. Dans un entretien accordé à la chaîne 7 Info, il assume sa candidature en solitaire face à Alassane Ouattara, sans le soutien de l'opposition. "Moi, je l'ai soutenu pendant 40 ans, d'autres jeunes me soutiendront, peut-être un peu plus longtemps", lance-t-il en référence à Gbagbo.

L'ex-président ivoirien avait pourtant été cinglant dans son interview à Alain Foka. Il avait affirmé que le projet d'Ahoua Don Mello, vice-président de l'Alliance des BRIC S, "n'a jamais été un débat au sein du parti". Une affirmation que conteste fermement le candidat. "Peut-être qu'il a oublié la note interne que je lui ai adressée", rétorque Don Mello, évoquant une commission mise en place pour discuter de son projet pendant plusieurs heures.

Ahoua Don Mello maintient avoir soumis son projet en interne au PPA-CI. "Ce qui est sûr, je lui ai adressé une note interne qui a fuité même dans la presse", explique-t-il à 7 Info. Selon lui, une commission aurait été constituée par Gbagbo lui-même pour examiner sa proposition. Mais le retour ne serait jamais venu. "Je comprends mieux toutes les crises au PPA-CI et les luttes de clans et de tendances à l'intérieur", confie le candidat, pointant du doigt les dysfonctionnements internes du parti.

Cette version des faits contraste avec les propos de Laurent Gbagbo qui, dans son entretien récent, avait déclaré : "Il a voulu être candidat, donc il est candidat." L'ancien président avait aussi annoncé son intention de quitter la direction du PPA-CI après les législatives du 27 décembre en Côte d'Ivoire, à 81 ans. "Je vais prendre mon temps pour moi-même", avait-il confié à Alain Foka. Pour Don Mello, cette annonce confirme sa décision de se lancer seul dans la bataille présidentielle.

Le candidat revendique une vision ambitieuse pour la Côte d'Ivoire. "Mon projet de société a une adhésion très large au sein de la population", assure-t-il. Son programme s'articule autour de trois axes : faire passer le pays "du multipartisme à la démocratie, de l'indépendance à la souveraineté et de la conférence de Berlin à la conférence d'Addis-Abeba". Des formules qui visent à séduire un électorat en quête de rupture, même si le candidat devra affronter seul le président sortant Alassane Ouattara.

"La politique, c'est une course de relais. Il compte se retirer et moi je compte prendre le relais pour relever les défis qui sont d'actualité", poursuit Ahoua Don Mello. Une manière d'assumer la transmission générationnelle au sein de l'opposition, même sans le parrainage officiel du PPA-CI. Laurent Gbagbo avait d'ailleurs appelé à ne voter pour aucun des candidats du scrutin du 25 octobre, dénonçant un "braquage électoral". Don Mello respecte cette position : "C'est son droit", concède-t-il sobrement.

Le candidat ne bénéficie ni du soutien du PPA-CI, ni de celui du PDCI de Tidjane Thiam, également écarté du scrutin. Il devra convaincre seul dans une élection où l'opposition reste profondément fragmentée. Mais pour Don Mello, l'heure n'est plus aux querelles internes. "Ça me conforte dans ma position qu'il faut avancer", conclut-il. Samedi, les Ivoiriens trancheront.