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Gbagbo saisit la CPI : Jean Bonin réagit, "c'est un choix politique, pas une démarche de justice "

Mardi 9 Décembre 2025

L'avocat Jean Bonin rejette la démarche de Laurent Gbagbo auprès de la CPI. Pour lui, la Côte d'Ivoire doit régler ses débats politiques sur son sol, pas à La Haye.


Jean Bonin estime que Laurent Gbagbo ne peut pas saisir la CPI pour régler un débat politique national © Crédit photo DR
Jean Bonin estime que Laurent Gbagbo ne peut pas saisir la CPI pour régler un débat politique national © Crédit photo DR
Jean Bonin ne mâche pas ses mots. Après l'annonce de Laurent Gbagbo qui veut ressaisir la Cour pénale internationale 14 ans après la crise post-électorale, l'avocat sort du silence. Dans une longue analyse publiée ce mardi, il démonte point par point l'initiative de l'ancien président. « On ne saisit pas la CPI pour régler un débat politique national », assène-t-il d'entrée. Pour Jean Bonin, cette démarche relève plus de la stratégie politique que de la recherche de justice.

L'argumentation est tranchée. « La CPI ne reçoit pas de plainte. Elle reçoit des informations », rappelle Jean Bonin en citant l'article 15 du Statut de Rome. Autrement dit, même un ancien chef d'État ne bénéficie d'aucun traitement de faveur. « Le Procureur est libre d'y donner suite ou non », poursuit-il. Une manière de tempérer les attentes : aucune communication, même largement médiatisée, n'oblige la juridiction internationale à ouvrir une enquête.

Une Côte d'Ivoire qui avance

Pourquoi revenir sur ces événements maintenant, alors que le pays a tourné la page ? « La Côte d'Ivoire est stabilisée, les institutions fonctionnent, des procès ont eu lieu, des amnisties ont été accordées », énumère Jean Bonin. Pour lui, ramener ce dossier sur la table équivaut à faire marche arrière. « C'est un choix politique, pas une démarche de justice », tranche-t-il.

L'avocat s'appuie sur le Statut de Rome pour enfoncer le clou. L'article 17 fixe les conditions d'intervention de la CPI : uniquement si les États sont incapables ou refusent de juger. Or, martèle Jean Bonin, « la justice ivoirienne fonctionne, juge, condamne, acquitte ». Le système judiciaire national n'est pas paralysé. Il applique même des mesures de clémence comme des amnisties ou des grâces présidentielles.

Le débat doit rester national

« Si Laurent Gbagbo estime que justice n'a pas été rendue, il doit le dire à la Côte d'Ivoire, pas à La Haye », lâche Jean Bonin. La formule est cinglante. Pour lui, la Constitution, les institutions judiciaires et les mécanismes de réconciliation suffisent. Aller chercher une validation internationale, c'est « contourner les institutions ivoiriennes » et « refuser le verdict de la CPI elle-même » qui a pourtant acquitté l'ancien président en 2021.

Le message est direct : « Chercher à internationaliser un débat national, c'est tenter de réécrire notre histoire à l'étranger. » Jean Bonin ne croit pas à l'efficacité de cette démarche. À ses yeux, le Procureur n'ouvrira pas un nouveau dossier qui « risquerait de raviver des tensions dans un pays qui se reconstruit ».

L'avocat conclut sur une note ferme. « Le peuple ivoirien veut tourner la page », affirme-t-il. Selon lui, la Côte d'Ivoire a besoin de paix et de stabilité, pas d'un énième round judiciaire international. « Lancer un débat inutile sur La Haye ne créera ni justice, ni réparation, ni vérité », prédit Jean Bonin. Une position claire qui devrait alimenter les discussions dans les prochains jours.

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