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Affaire Bessikoi-Diorogobité : Bruno Koné s'explique devant l'Assemblée Nationale

Mercredi 18 Juin 2025

Bruno Nabagné Koné était face aux députés le 17 juin 2025 sur l'affaire Bessikoi-Diorogobité. L'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire interpelle le ministre du Foncier.


Bruno Nabagné Koné était face aux députés le 17 juin 2025 © Crédit photo DR
Bruno Nabagné Koné était face aux députés le 17 juin 2025 © Crédit photo DR
L'affaire Bessikoi-Diorogobité a provoqué un tollé à l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire ce mardi 17 juin 2025. Bruno Nabagné Koné, ministre de la Construction, du Logement et de l'Urbanisme, s'est retrouvé sous les feux de la rampe lors d'une séance de questions orales particulièrement animée. Les parlementaires ont exigé des explications sur ce scandale foncier qui ébranle la confiance des citoyens dans l'administration.

Le dossier Bessikoi-Diorogobité 2 cristallise toutes les dérives du système foncier ivoirien. Cette affaire révèle l'ampleur d'un réseau de fraudes impliquant promoteurs immobiliers, agents administratifs et procurations falsifiées. Face aux députés mobilisés, le ministre a tenté de défendre sa politique tout en reconnaissant les dysfonctionnements de son secteur.

L'atmosphère tendue de l'hémicycle témoigne de l'exaspération des élus face à la multiplication des spoliations foncières. Ces parlementaires portent la voix d'une population qui subit quotidiennement les conséquences d'un système défaillant où l'impunité semble régner.

Le scandale Bessikoi

L'explosion médiatique de février dernier a tout déclenché. Dame Traoré, filmée en larmes, racontait comment sa parcelle de Cocody avait été subtilisée par un promoteur immobilier sans scrupules. Cette histoire personnelle cachait une escroquerie d'envergure : 272 lots distribués illégalement grâce à des documents falsifiés.

« Le promoteur en question bénéficie de protections au sein même de l'appareil d'État », a accusé le député Gaspard Séhi (PPA-CI), instigateur de cette interpellation parlementaire. L'élu dénonce également l'inertie suspecte du parquet du Plateau, incapable selon lui de neutraliser ces « prédateurs fonciers » qui opèrent en toute tranquillité.

Cette affaire s'inscrit dans un contexte plus large de dysfonctionnements. Procurations bidons, attestations villageoises multiples, ventes croisées orchestrées par des chefs coutumiers rivaux : les méthodes frauduleuses se multiplient. Même les personnalités publiques n'échappent pas à ces pratiques mafieuses.

Gaspard Séhi a livré son propre témoignage. En octobre 2024, son terrain abidjanais a été cédé à son insu pendant son déplacement en France. Les taxes foncières avaient été mystérieusement acquittées par un tiers, avec la complicité présumée de fonctionnaires du cadastre. « Qui a payé mes impôts ? Des complices au sein même de l'administration », s'indigne le parlementaire.

Bruno Koné tente de rassurer sur ses réformes

Face à cette avalanche de reproches, le ministre a présenté son arsenal législatif et technologique. Il a mis en avant la loi 2024-351 sur la sécurisation des titres fonciers, le déploiement du Système intégré de gestion du foncier urbain (SIGFU) depuis 2022, et les audits internes menés dans son département ministeriel.

Bruno Nabagné Koné a détaillé sa stratégie de modernisation du secteur foncier. Sa vision repose sur une gouvernance rénovée, la maîtrise de l'urbanisation sauvage et la garantie d'un accès sécurisé au logement pour tous les Ivoiriens. Il vante les efforts déployés pour élaborer des documents d'urbanisme conformes aux réalités locales.

Cependant, l'hémicycle demeure sceptique face à ces annonces. « Des lois, il y en a toujours eu. Mais sur le terrain, rien ne bouge », rétorque un député. Les parlementaires réclament des sanctions exemplaires contre les fraudeurs, un assainissement complet de l'administration foncière et une refonte des pratiques coutumières gangrenées par la corruption.

Les conflits entre autorités traditionnelles compliquent davantage la situation. À Bessikoi, deux villages se disputent depuis deux décennies le droit d'attribuer les parcelles, créant une confusion propice aux ventes multiples. « Quand deux chefs vendent le même terrain à deux acquéreurs différents, comment voulez-vous que le citoyen s'y retrouve ? », interroge un élu.

Les attentes citoyennes sont précises : sanctions fermes contre les opérateurs véreux, justice rapide pour les victimes d'expropriation, décentralisation des procédures foncières. Le ministre promet la « restauration de la confiance », mais la méfiance persiste dans l'opinion publique. Chaque terrain spolié représente un drame humain, une famille dépossédée, une existence détruite par l'avidité et les complicités.

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