Convocations des cadres du Front Commun : le PPA-CI et PDCI dénoncent des "manœuvres d'intimidation" avant les législatives 2025

Jeudi 30 Octobre 2025

Le Front Commun PPA-CI PDCI a dénoncé le 29 octobre 2025 en conférence de presse une intimidation avant les législatives 2025 après la convocation de vingt cadres à Abidjan.


L'opposition ivoirienne (Front Commun) crie à l'intimidation après la convocation de vingt responsables du PPA-CI et du PDCI © Crédit photo DR
La tension ne retombe pas à Abidjan. Les 27 et 28 octobre, vingt cadres du Front Commun PDCI PPA-CI ont reçu une convocation de la Préfecture de Police. Parmi eux, des poids lourds de l'opposition ivoirienne : Assoa Adou, 81 ans, ancien ministre du PPA-CI qui a déjà connu la prison entre 2015 et 2018, Noël Akossi Bendjo qui coordonne les activités du PDCI, ou encore Me Habiba Touré, avocate au barreau de Paris et porte-parole du Front Commun. Au total, treize membres du parti de Laurent Gbagbo et sept du PDCI de Cheick Tidjane Thiam sont dans le viseur des autorités.

Ces convocations font suite à la manifestation du 11 octobre dernier. Ce jour-là, malgré l'interdiction préfectorale, les deux formations de l'opposition avaient maintenu leur marche dans les rues d'Abidjan. Une décision qui leur vaut aujourd'hui des poursuites. Le procureur de la République, qui dirige la Section antiterroriste du Tribunal de première instance, l'affirme sans détour : "Certains individus ainsi que des personnes se disant membres du service d'ordre du PPA-CI étaient munis d'armes de guerre." Une accusation que réfute l'opposition.

"Une prison à ciel ouvert"

Dans un communiqué publié mardi, le Front Commun ne mâche pas ses mots. L'alliance dénonce des "manœuvres d'intimidation" et va plus loin : "Notre pays est ainsi devenu, et ceci depuis 2011, une prison à ciel ouvert, où la moindre voix discordante expose son auteur à des poursuites judiciaires." Les deux partis voient dans ces convocations une stratégie claire du pouvoir en place.

Leur analyse ? Empêcher les députés sortants et les personnalités influentes de se présenter aux prochaines législatives. "La stratégie est donc d'empêcher les Cadres du Front Commun de se porter candidats aux prochaines élections législatives par une mise sous contrôle judiciaire", peut-on lire dans le document. Pour l'opposition, le timing ne doit rien au hasard : ces convocations interviennent quelques semaines seulement avant le scrutin législatif.

Des rumeurs d'annulation démenties

Pendant quelques heures, une information a circulé sur les réseaux sociaux : les poursuites seraient suspendues. Le Front Commun lui-même l'avait évoquée dans son communiqué : "Au moment d'entamer ce point de presse, il nous est revenu que les poursuites engagées contre les cadres seraient suspendues." Mais l'alliance réclamait "la confirmation de cette information."

Confirmation qui n'est jamais venue. Les convocations sont bel et bien maintenues. Parmi les personnalités qui doivent se présenter à la police figurent le professeur Hubert Oulaye, président du Groupe parlementaire PPA-CI, Michel Gbagbo, député de Yopougon, ou encore Sylvestre Emou, député-maire de Port-Bouët. Certains, comme Zéréhoué Yoro Edouard, 80 ans, absent des activités du parti depuis quatre ans pour raisons de santé, sont pourtant sur la liste.

Face à cette escalade, Laurent Gbagbo et Cheick Tidjane Thiam tentent de garder la porte ouverte. "Les Présidents demeurent toujours ouverts au dialogue, la seule voie raisonnable pour régler les contradictions internes dans un pays", indique le communiqué. Les deux leaders de l'opposition réclament aussi "la libération sans conditions de toutes les personnes arrêtées et incarcérées à l'occasion des manifestations pacifiques."

Le Front Commun n'entend pas baisser les bras. Dans son point de presse, l'alliance "invite ses militants, toutes les organisations de la société civile et l'ensemble des démocrates ivoiriens à rester mobilisés et attentifs aux mots d'ordre à venir." Un appel à la vigilance qui montre que le bras de fer avec le pouvoir est loin d'être terminé. D'autant que l'opposition n'exclut pas que "l'étape suivante soit de s'en prendre aux Présidents Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam" eux-mêmes.

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