Des affiches de campagne de Simone Gbagbo pour la présidentielle 2025 arrachées

Dimanche 12 Octobre 2025

La campagne présidentielle débute dans un climat électrique. Après l'arrestation de 237 manifestants, des affiches de Simone Gbagbo disparaissent.


Des affiches de campagne de la présidentielle 2025 de Simone Gbagbo arrachées © Crédit photo DR
La campagne pour l'élection présidentielle du 25 octobre a débuté vendredi dans une ambiance survoltée. À peine 24 heures après le lancement officiel, des affiches de Simone Gbagbo, l'ex-Première dame candidate, ont été arrachées. Les militants de son camp crient au sabotage. Dans la capitale économique, la tension est palpable depuis l'interdiction, samedi dernier, de la marche organisée par le Front commun PPA-CI/PDCI.

Les forces de l'ordre avaient dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogène dès le matin. Bilan : 237 arrestations, selon le ministre de l'Intérieur Vagondo Diomandé. « Des jeunes totalement irresponsables », a-t-il lâché sans détour. L'opposition parle de répression. Entre les deux versions, huit millions d'électeurs tentent de comprendre ce qui se joue réellement.

Cinq candidats, une candidature contestée

Le Conseil constitutionnel a retenu cinq candidats pour ce scrutin : Alassane Ouattara, le président sortant, Jean-Louis Billon, Simone Ehivet Gbagbo, Ahoua Don-Mello et Henriette Lagou. Mais c'est surtout la liste des exclus qui fait du bruit. Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, radiés de la liste électorale, n'ont pas pu déposer leur dossier.

« Il n'y aura pas de quatrième mandat », avait prévenu Laurent Gbagbo le 16 août dernier, lors d'un meeting à Yopougon. L'ancien président conteste la candidature d'Alassane Ouattara, arguant que la Constitution interdit plus de deux mandats. Le camp présidentiel rétorque que l'adoption d'une nouvelle Constitution en 2016 a remis les compteurs à zéro. Le Conseil constitutionnel ne s'est pas prononcé sur cette question lors de la proclamation des candidats, le 8 septembre.

L'opposition crie au musellement

Le Front commun avait programmé une marche pour le 4 octobre, puis l'avait reportée au 11 octobre après son annulation. Le préfet d'Abidjan, Andjou Koua, a interdit les deux rassemblements. Motif : « Aucune marche n'a été déclarée » et « nécessité de maintenir l'ordre public en période de campagne ». L'avocate Habiba Touré, porte-parole du Front commun, avait pourtant assuré la veille que la marche aurait lieu.

Samedi matin, les militants se sont quand même rassemblés au rond-point de l'église Saint-Jean à Cocody. Les forces de l'ordre les attendaient. « Nous avons interpellé 237 personnes, parmi lesquelles il y a des femmes, des jeunes gens », a énuméré le général Vagondo Diomandé. Les échauffourées se sont concentrées à Blockhaus et Angré, deux quartiers de l'Est abidjanais. « Sur l'ensemble du territoire national, tout est calme », a-t-il affirmé.

Le président de la Commission électorale indépendante, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, a fixé le cadre jeudi. Les candidats peuvent organiser des réunions, apposer des affiches, distribuer des tracts. Mais interdiction d'utiliser des véhicules administratifs, de publier des sondages ou de tenir des propos « injurieux, diffamatoires ou révélant un manquement grave à la Constitution ».

« Je vous invite à faire preuve de mesure et de courtoisie », a lancé le patron de la CEI aux cinq candidats. Un appel qui semble déjà loin des réalités du terrain. Les affiches lacérées de Simone Gbagbo témoignent d'un autre climat. La campagne se terminera le 23 octobre à minuit, après quatorze jours de joutes qui s'annoncent tendues.

Le scrutin du 25 octobre dira si les 8,7 millions d'électeurs ivoiriens, vivant sur le territoire ou à l'étranger, suivront les consignes du Front commun ou accorderont leur confiance au président sortant. Entre les deux, l'incertitude grandit.

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