Le Conseil National de Sécurité (CNS) interdit les manifestations contre les décisions du Conseil Constitutionnel en Côte d'Ivoire

Jeudi 2 Octobre 2025

Le Conseil National de Sécurité présidé par Alassane Ouattara a banni ce 2 octobre 2025 les meetings contestant le Conseil Constitutionnel et menace de poursuites judiciaires les responsables en Côte d'Ivoire.


Le Conseil National de Sécurité (CNS) interdit les manifestations contre les décisions du Conseil Constitutionnel en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Le Conseil National de Sécurité (CNS) resserre l'étau. Ce jeudi 2 octobre 2025, lors d'une réunion présidée par Alassane Ouattara au Palais présidentiel, l'instance a décidé d'interdire tous les meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil Constitutionnel. Les ministres de la Justice et de la Sécurité ont reçu instruction de « prendre toutes les dispositions nécessaires pour maintenir l'ordre et la sécurité », y compris cette interdiction formelle. La mesure tombe à 23 jours de l'élection présidentielle du 25 octobre.

Le CNS ne cache pas sa cible. Depuis la publication le 8 septembre de la liste définitive des candidats, « plusieurs individus, dont des responsables politiques, tiennent des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif, et diffusent de fausses informations de nature à troubler l'ordre public », dénonce le communiqué officiel. Cette escalade verbale dans la classe politique pousse le gouvernement à brandir la menace de sanctions pénales. L'atmosphère se tend à l'approche du scrutin présidentiel.

L'article 138 comme bouclier constitutionnel

Le pouvoir sort l'artillerie juridique. Le CNS rappelle que « conformément à l'article 138 de la Constitution, les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles s'imposent aux pouvoirs publics, à toute autorité administrative, juridictionnelle, militaire et à toute personne physique ou morale ». Ce principe d'intangibilité devient l'argument massue pour museler toute contestation de la liste électorale validée il y a près d'un mois.

Les conséquences sont sans appel. « Toute contestation des décisions du Conseil Constitutionnel, de quelque nature qu'elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi », prévient le communiqué signé par Fidèle Sarassoro, ministre secrétaire exécutif du CNS. Cette formulation laisse peu de place à l'interprétation : organiser un rassemblement public pour remettre en cause la liste des candidats devient passible de poursuites judiciaires. Les opposants politiques se retrouvent face à un dilemme entre expression démocratique et risque pénal.

Propos xénophobes et désinformation

Le gouvernement dénonce une dérive des débats. Le CNS « condamne fermement ces propos et comportements, qui vont à l'encontre de l'esprit de paix et de responsabilité qui doit prévaloir particulièrement en période électorale ». Sans nommer explicitement les auteurs de ces déclarations, le communiqué pointe du doigt des responsables politiques accusés de jouer avec le feu. La xénophobie et la diffusion de fausses nouvelles deviennent les motifs officiels de la répression annoncée.

Cette stratégie de fermeté contraste avec le discours d'apaisement affiché par ailleurs. Le président Ouattara a félicité la Chambre Nationale des Rois et Chefs Traditionnels « pour sa récente tournée de sensibilisation et d'écoute des populations, effectuée sur toute l'étendue du territoire national ». Les guides religieux et les acteurs de la société civile reçoivent également les encouragements du chef de l'État pour leur travail de médiation. Le pouvoir tente visiblement de jouer sur deux tableaux : réprimer les contestataires tout en valorisant les artisans de la paix sociale.

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