Marche du 11 octobre, le PPA-CI dénombre 17 morts et plus de 1000 arrestations

Jeudi 4 Décembre 2025

Koné Katinan a livre ce jeudi 4 décembre 2025 lors de la 40e Tribune du PPA-CI un bilan des manifestations lors de la présidentielle d'octobre avec 394 condamnations fermes à 36 mois de prison et 18 femmes emprisonnées.


Marche du 11 octobre, le PPA-CI dénombre 17 morts et plus de 1000 arrestations © Crédit photo DR
Le Président du Conseil Stratégie et Politique du PPA-CI, Koné Katinan, a présenté ce jeudi 4 décembre 2025 un bilan détaillé de la répression qui a suivi la marche du 11 octobre dernier. Devant les journalistes rassemblés pour la 40e Tribune du parti de Laurent Gbagbo, il a annoncé 17 décès et plus de 1000 interpellations. Des chiffres qui dépassent largement ceux du gouvernement.

Le parti dénombre 756 militants et sympathisants arrêtés, tandis que les organisations de défense des droits de l'homme évoquent plus de 1000 interpellations. Le gouvernement lui-même a reconnu plus de 1600 arrestations dans son communiqué du 13 novembre. « A ce jour, nous dénombrons 114 prisonniers politiques, incarcérés de 2011 à octobre 2025 », a précisé le SGA Patrice Kouté.

394 condamnations au maximum de la peine

Le décompte établi par Koné Katinan révèle 17 morts contre 11 annoncés par le Conseil national de sécurité. Nahio compte 5 décès, Yamoussoukro 2, Daloa 2, Abié 2. À Gagoré, un manifestant aurait été tué à la machette selon les témoignages recueillis. À Yamoussoukro, un homme serait décédé suite à des violences sur ses parties génitales dans le village de Kami.

Le parti comptabilise également 56 blessés et 14 personnes dont les familles ignorent le lieu de détention. Neuf d'entre elles se trouvent dans la région de la Cavally, deux à Cocody, deux à Fresco. Les prisons affichent complet : plus de 900 détenus à l'ancienne MACA, 70 dans la région du Goh, 27 à Bouaké.

Les avocats du PPA-CI ont établi un bilan judiciaire édifiant. Sur 612 prévenus assistés par leur pool, 394 ont été condamnés à des peines fermes. Le Tribunal de première instance d'Abidjan a jugé 527 personnes entre le 16 et le 31 octobre : 376 condamnations fermes, 146 relaxes. À Gagnoa, 14 condamnations fermes sur 53 prévenus.

La quasi-totalité des condamnés ont écopé du maximum : 36 mois d'emprisonnement pour troubles à l'ordre public. « Le Procureur de la République près du TPI d'Abidjan avait prévenu qu'il requerrait le maximum contre les prévenus », rappelle Koné Katinan. Les magistrats n'ont trouvé aucune circonstance atténuante.

18 femmes condamnées, dont deux enceintes

La situation des femmes inquiète particulièrement le PPA-CI. Sur 39 femmes écrouées, 18 ont été condamnées à 36 mois ferme. Deux d'entre elles sont enceintes. L'une serait dans un état nécessitant une échographie qui lui serait refusée jusqu'à présent. Sept autres attendent leur jugement, tandis que 14 ont recouvré la liberté.

Ces condamnations surviennent alors que Laurent Gbagbo a lancé samedi 29 novembre l'Initiative pour la libération des prisonniers d'opinion (ILPO). Cette commission, dirigée par l'ambassadeur Emmanuel Ackah, vise à accompagner les détenus et leurs familles. « Cette initiative a une double portée sociale et politique », explique Koné Katinan lors de cette 40e Tribune du PPA-CI.

Pour le parti de Laurent Gbagbo, ces arrestations découlent directement de la mobilisation contre le quatrième mandat du président. « Se mobiliser pour leur libération c'est aussi se mobiliser contre le 4ème mandat », affirme Koné Katinan. Le PPA-CI s'interroge sur les raisons de ces décès survenus lors d'opérations de maintien de l'ordre.

Le parti interpelle les organisations internationales. « Leur mutisme, notamment de Human Rights Watch et d'Amnesty International, qui tranche avec ce qu'elles ont eu à servir dans les années 2000 au monde en ce qui concerne la Côte d'Ivoire, est incompréhensible », conclut le Président du Conseil Stratégie et Politique du PPA-CI.

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