Présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire : des ONG dénoncent la répression des manifestations

Vendredi 24 Octobre 2025

Quatre organisations de défense des droits humains accusent les autorités ivoiriennes de restreindre les libertés avant le vote de la présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d'Ivoire.


Présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire : des ONG dénoncent la répression des manifestations © Crédit photo DR
Des organisations de défense des droits humains tirent la sonnette d'alarme à la veille de la présidentielle ivoirienne. L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains, la LIDHO, le MIDH et la CIDDH ont publié jeudi une déclaration commune pointant du doigt les restrictions imposées par Abidjan. Leur constat est sans appel : les libertés fondamentales reculent à l'approche du scrutin prévu ce samedi 25 octobre.

Le document dénonce notamment l'interdiction de plusieurs manifestations de l'opposition et la répression qui s'est abattue sur les contestataires. Selon les chiffres compilés par ces ONG, plus de 700 personnes ont été interpellées lors des rassemblements organisés en octobre. Plusieurs manifestants et un agent des forces de sécurité ont trouvé la mort dans ces affrontements. Une situation qui inquiète ces défenseurs des droits humains, alors que le pays s'apprête à élire son président.
 

Des manifestations interdites et réprimées

Les tensions ont débuté début octobre, après que le Conseil constitutionnel a invalidé plusieurs candidatures de l'opposition, dont celle de Tidjane Thiam, leader du PDCI. Les partis écartés du scrutin ont tenté d'organiser des marches de protestation, mais se sont heurtés à des refus systématiques. Une première manifestation prévue le 4 octobre a été interdite par arrêté préfectoral deux jours plus tôt, officiellement pour "risques de troubles à l'ordre public".

Le 11 octobre, malgré une nouvelle interdiction, des opposants ont tenté de se rassembler. La réponse des forces de l'ordre a été musclée, avec usage de gaz lacrymogènes. Bilan de la journée : 237 arrestations à Abidjan et 18 à Dabou. Les condamnations ont suivi rapidement. Au tribunal de Dabou, 24 manifestants ont écopé de 36 mois de prison ferme. À Abidjan, 58 personnes au total ont reçu des peines de trois ans d'emprisonnement pour "troubles à l'ordre public".

Un dispositif sécuritaire renforcé

Le 2 octobre, le Conseil national de sécurité a ordonné le déploiement de 44 000 éléments des forces de défense et de sécurité sur l'ensemble du territoire. Objectif affiché : sécuriser le processus électoral. Mais cette mobilisation s'accompagne d'instructions claires : interdire "les meetings et manifestations publiques visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel".

Le 17 octobre, un arrêté ministériel est venu durcir encore le dispositif. Il interdit pour deux mois "les meetings et manifestations publiques des partis ou groupements politiques sur toute l'étendue du territoire national", à l'exception de ceux liés à la campagne présidentielle. Une mesure que les organisations signataires jugent contraire aux engagements internationaux de la Côte d'Ivoire, qui garantissent les libertés d'expression, d'association et de manifestation pacifique.

La déclaration conjointe souligne un paradoxe. En 2014, la Côte d'Ivoire est devenue le premier pays africain à se doter d'une loi spécifique protégeant les défenseurs des droits humains. En mars 2022, un comité de protection a même été créé, renforcé en juin 2025 par l'intégration de représentants de la société civile. "Les autorités ivoiriennes doivent poursuivre ces efforts et prendre des mesures concrètes pour garantir la protection des défenseurs des droits humains", insistent les ONG.

Ces organisations exhortent le gouvernement à "garantir en toutes circonstances les droits et libertés fondamentales, y compris en période électorale et post-électorale". Elles appellent également à "tout mettre en œuvre pour garantir des élections libres, transparentes, inclusives et apaisées". Un appel lancé à quelques heures d'un scrutin qui s'annonce tendu, avec seulement deux candidats en lice : le président sortant Alassane Ouattara et Simone Éhivet, ex-Première dame.

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