Tensions justice-barreau en Côte d'Ivoire : le Le Conseil Supérieur de la Magistrature répond aux inquiétudes des avocats ivoiriens

Mercredi 7 Mai 2025

Dans un contexte pré-électoral tendu, le Conseil Supérieur de la Magistrature ivoirien répond officiellement aux préoccupations soulevées par l'Ordre des Avocats concernant l'indépendance judiciaire.


Tensions justice-barreau en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) de Côte d'Ivoire a publié ce 7 mai 2025 une déclaration officielle en réponse aux inquiétudes exprimées par le Barreau ivoirien. Cette réaction fait suite à une déclaration de l'Ordre des Avocats, rendue publique le 2 mai dernier et intitulée « déclaration du Barreau sur la situation pré-électorale en Côte d'Ivoire : la paix par le droit ».

Dans ce document consulté par notre rédaction, le CSM reconnaît que le Barreau a exprimé des préoccupations relatives à l'indépendance de la Magistrature et au respect des règles déontologiques par les magistrats. Ces inquiétudes s'inscrivent dans un contexte politique particulièrement sensible à l'approche des prochaines échéances électorales.

Les garanties offertes par le CSM

Face à ces préoccupations, l'instance dirigeante de la magistrature tient à « rassurer le Barreau de Côte d'Ivoire, l'opinion nationale et internationale » sur sa mission fondamentale. Le CSM rappelle qu'il est légalement investi de la responsabilité de veiller à l'indépendance judiciaire, conformément à l'article 5 de la loi organique n° 2022-221 du 25 mars 2022.

« Le Conseil Supérieur de la Magistrature veille à l'indépendance de la Magistrature et au strict respect des règles de la déontologie du Magistrat », précise la déclaration signée par Kanvaly Diomandé, Président des Sessions du CSM. Cette réponse formalise l'engagement institutionnel de l'organe face aux questionnements sur l'impartialité des juges en période électorale.

Un appel à la collaboration institutionnelle

Le CSM ne se contente pas de réaffirmer ses prérogatives, mais invite également les avocats à une démarche proactive. L'institution judiciaire demande explicitement aux membres du Barreau « en leur qualité d'acteurs du service public de la justice » de lui signaler tout incident susceptible de compromettre l'indépendance judiciaire.

« Le Conseil Supérieur de la Magistrature invite les membres du Barreau de Côte d'Ivoire [...] à lui dénoncer toute circonstance de nature à porter atteinte à l'indépendance de la Magistrature et tout manquement aux règles de la déontologie », peut-on lire dans le communiqué. Cette main tendue aux avocats semble vouloir établir un cadre de collaboration pour garantir l'intégrité du processus judiciaire dans la période sensible qui s'annonce.

Cette passe d'armes entre deux piliers essentiels du système judiciaire ivoirien intervient alors que le pays entre dans une phase pré-électorale. La déclaration initiale du Barreau, lue par Maître Messan Tompieu, s'inscrivait précisément dans ce contexte avec son sous-titre évocateur : « la paix par le droit ».

L'échange entre ces deux institutions souligne l'importance accordée à l'indépendance de la justice en période électorale. Bien que le contenu détaillé des inquiétudes du Barreau ne soit pas explicité dans la réponse du CSM, la réaction rapide de l'institution suggère la sensibilité des questions soulevées à quelques mois des futures échéances électorales.

La publication simultanée de ces deux déclarations met en lumière les tensions qui peuvent exister entre différents acteurs du système judiciaire, particulièrement lorsque des enjeux politiques majeurs se profilent à l'horizon. Le dialogue institutionnel amorcé pourrait déterminer l'équilibre des pouvoirs dans cette période cruciale pour la démocratie ivoirienne.

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