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Nazaire Kadia sur la présidentielle 2025 : "L'opposition ivoirienne est à la croisée des chemins"

Mardi 6 Mai 2025

À cinq mois de l'élection présidentielle ivoirienne, l'analyste politique Nazaire Kadia alerte sur le climat de tension qui s'intensifie. Entre révision de la liste électorale non réalisée et inéligibilité de candidats de l'opposition, il dénonce des manœuvres dilatoires du pouvoir.


À cinq mois de la présidentielle ivoirienne, Nazaire Kadia analyse les tensions politiques actuelles © Crédit photo DR
À cinq mois de la présidentielle ivoirienne, Nazaire Kadia analyse les tensions politiques actuelles © Crédit photo DR
L'élection présidentielle prévue en octobre 2025 en Côte d'Ivoire se prépare dans un climat particulièrement tendu. Les partis d'opposition et certaines organisations de la société civile demandent avec insistance la révision de la liste électorale, conformément aux dispositions du code électoral. Cette requête fait suite à la publication par la Commission Électorale Indépendante (CEI) d'une liste comportant de nombreuses irrégularités selon ses détracteurs.

Face à ces demandes, le président de la CEI, Coulibaly Kuibiert, oppose une résistance notable. Selon Nazaire Kadia, son argument principal repose sur une interprétation du code électoral qui « ne précise pas formellement que ladite révision se fasse avant ou après l'élection ». Pendant que cette question reste en suspens, un second front politique s'est ouvert avec la radiation électorale de Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA.

Les candidats de l'opposition face à l'inéligibilité

La radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale s'inscrit dans une série de décisions similaires qui ont déjà frappé d'autres figures politiques de premier plan. « Après Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et Soro Guillaume, Tidjane Thiam vient de passer à la trappe pour allonger la liste des candidats rendus inéligibles par la justice ivoirienne instrumentalisée », observe Nazaire Kadia dans son analyse.

Cette situation provoque une mobilisation générale au sein des partis d'opposition. Du PPA-CI au PDCI-RDA, en passant par le COJEP et les partisans de Guillaume Soro, tous partagent désormais la même préoccupation : obtenir l'éligibilité de leurs candidats. Cette focalisation sur l'inéligibilité semble reléguer au second plan la question pourtant cruciale de la révision de la liste électorale.

Certains observateurs politiques voient dans la multiplication des fronts une stratégie délibérée du pouvoir. Nazaire Kadia affirme sans détour que « c'est sciemment que ce deuxième front est ouvert ou réactivé, pour donner matière à occupation à l'opposition ».

« Les mauvaises langues affirment que le pouvoir RHDP fait diversion pour laisser traîner les choses, focaliser l'attention de l'opposition sur le problème d'éligibilité de ses candidats, tout en jouant la montre, occultant ainsi la révision de la liste électorale », poursuit l'analyste politique. Selon cette lecture, le scénario envisagé serait le suivant : après avoir longuement entretenu la tension sur l'inéligibilité, le pouvoir pourrait finalement accepter la participation des candidats de l'opposition, tout en évitant soigneusement toute concession sur la composition de la CEI ou la révision de la liste électorale.

Les leçons du passé et les défis actuels

L'histoire électorale récente de la Côte d'Ivoire reste marquée par la crise post-électorale de 2010. Kadia rappelle que « le spectacle du président de la CEI en 2010, Youssouf Bakayoko donnant des résultats au quartier général du candidat Alassane Ouattara est encore de fraîche mémoire ». Cette situation avait conduit à une intervention internationale et à la chute du président Laurent Gbagbo.

Cette expérience nourrit aujourd'hui les inquiétudes de l'opposition quant à l'indépendance de la CEI. Parallèlement, d'autres tensions sociales traversent le pays, notamment dans le secteur de l'éducation où, comme le souligne Nazaire Kadia, le gouvernement utilise les mêmes techniques de diversion contre les enseignants en grève.

Dans ce contexte chargé, deux candidats déclarés à la présidentielle se sont récemment rendus en France. « Les mauvaises langues affirment que ces deux hommes politiques ivoiriens qui ont chacun un carnet d'adresses épais, sont allés faire du lobbying à l'effet de se faire adouber », note l'analyste, qui s'inquiète de ces démarches auprès de l'ancienne puissance coloniale.

Face à ces multiples défis, Nazaire Kadia conclut par un avertissement clair : « L'opposition ivoirienne est à la croisée des chemins. Elle ne doit pas se laisser prendre au piège des manœuvres de diversion du pouvoir RHDP. L'avenir de notre pays en dépend. »

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