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Mamadou Touré sur TV5MONDE : "En Côte d'Ivoire, vous avez des putschistes, pas des démocrates"

Mardi 6 Mai 2025

Dans un entretien accordé à TV5MONDE le 5 mai 2025, Mamadou Touré, ministre ivoirien de la Jeunesse, critique durement l'opposition à cinq mois de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire.


Mamadou Touré sur TV5MONDE : "En Côte d'Ivoire, vous avez des putschistes, pas des démocrates" © Crédit photo DR
Mamadou Touré sur TV5MONDE : "En Côte d'Ivoire, vous avez des putschistes, pas des démocrates" © Crédit photo DR
Mamadou Touré sur TV5MONDE, tension politique en Côte d'Ivoire : à cinq mois de l'élection présidentielle, les échanges se durcissent. Alors que la Coalition pour l'alternance pacifique, regroupant une vingtaine de partis d'opposition, annonce un rassemblement majeur à Abidjan le 31 mai, le gouvernement ivoirien adopte une position ferme. Invité de l'émission "64 minutes" sur TV5MONDE, Mamadou Touré, ministre de la Jeunesse et porte-parole adjoint du gouvernement, a livré une charge sans précédent contre l'opposition.

Sa déclaration la plus marquante résume sa vision de l'opposition ivoirienne : "En Côte d'Ivoire, on a tout, sauf des démocrates. Vous avez en Côte d'Ivoire des putschistes, vous avez en Côte d'Ivoire des personnes qui ne respectent pas les règles démocratiques et qui rêvent aujourd'hui à ce qu'on n'ait pas des élections dans les délais constitutionnels."

Une fin de non-recevoir au dialogue politique

Le ton est donné dès l'évocation d'un éventuel dialogue politique, réclamé par l'opposition. "Nous avons dialogué en 2021 et tous les points qui font l'objet des revendications de l'opposition ont été passés au peigne fin", affirme Mamadou Touré, rejetant catégoriquement l'idée de nouvelles négociations.

Le ministre rappelle qu'à l'issue du dialogue de 2021, un consensus avait été trouvé sur la Commission électorale indépendante (CEI), notamment pour permettre au PDCI d'obtenir un représentant. "D'où vient-il que cette opposition avec qui nous avons eu un consensus sur la Commission électorale indépendante vienne remettre en cause aujourd'hui ce choix ?", s'interroge-t-il.

Pour le porte-parole du gouvernement, la demande de dialogue cache une stratégie : "Le dialogue s'entend par un cadre d'échange pour remettre en cause les acquis démocratiques et ne pas organiser les élections dans le temps imparti, c'est ce qu'ils veulent en réalité."

Mamadou Touré poursuit sa charge en accusant l'opposition de craindre l'affrontement démocratique. "C'est le même narratif qu'en 2020, c'est la même revendication. En réalité, c'est une opposition qui réchigne à aller au combat politique, qui a peur de la compétition et qui s'est battue déjà une élection présidentielle et qui est dans la surenchère pour éviter de se lancer dans un jeu démocratique."

Le ministre réfute également les critiques formulées par Simone Gbagbo sur l'incapacité du système électoral à garantir la paix. "Ce système électoral n'a pas changé, est-ce que nous n'avons pas la paix en Côte d'Ivoire ?", lance-t-il, rappelant les différents scrutins organisés ces dernières années. "En 2015, la présidentielle s'est passée dans de très bonnes conditions. En 2023, nous avons eu des élections locales saluées par toutes les parties. Les élections législatives de 2021 et l'élection locale de 2023 ont été saluées par toutes les parties. C'est de la mauvaise foi."

Une loi historique

L'exclusion de Tidjane Thiam, chef du PDCI-RDA, de la course électorale après une décision judiciaire concernant sa nationalité cristallise les tensions. Interrogé sur les accusations d'instrumentalisation de la justice, Mamadou Touré répond avec ironie : "Le pouvoir aurait anticipé en 1961 que M. Tidjane Thiam, qui n'était pas encore né, serait candidat en 2025."

Le ministre rappelle que la loi sur la nationalité date des premières heures de l'indépendance ivoirienne. "Je trouve choquant qu'il ait traité la loi sur la nationalité de notre pays de 'loi sombre'. Je veux rappeler que c'est son grand-oncle, Félix Houphouët-Boigny, et les pères fondateurs qui ont instauré cette loi. Et c'est cette loi qui a permis à son père, Amadou Thiam, de devenir Ivoirien, d'être naturalisé", affirme-t-il.

Sa conclusion est sans appel : "Lorsqu'on aspire à gérer un pays, lorsqu'on aspire à gouverner un pays, on n'insulte pas les lois de son pays."

Pour étayer sa critique de l'opposition ivoirienne, Mamadou Touré établit un parallèle avec le Sénégal, qu'il présente comme un modèle de maturité démocratique. "Les Sénégalais ont toujours eu la maturité démocratique. Ils dénoncent, oui, mais quand les institutions ont pris une décision, ils trouvent le mécanisme interne pour pouvoir donc pousser leurs idées et créer l'alternance", explique-t-il.

Le ministre évoque notamment l'exemple d'Ousmane Sonko qui, face à son inéligibilité, "n'a pas mis le Sénégal à feu et à sang" mais a soutenu son numéro deux, Bassirou Diomaye Faye, aujourd'hui président de la République.

Il souligne également le contraste entre les deux pays concernant le respect du calendrier électoral : "Au Sénégal, c'est l'opposition et toute la classe politique qui s'est battue pour le maintien du délai constitutionnel pour organiser des élections. Mais en Côte d'Ivoire, vous avez une opposition qui se bat pour que les élections n'aient pas lieu dans les délais impartis pour nous entraîner dans l'incertitude."

Sa conclusion résonne comme un avertissement : "On ne l'a pas accepté en 2020, on ne l'acceptera pas en 2025."

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