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Sur TV5MONDE, Mamadou Touré prévient l'opposition, "on ne l'a pas accepté en 2020, on ne l'acceptera pas en 2025"

Mardi 6 Mai 2025

Dans un entretien accordé à TV5MONDE le 5 mai 2025, Mamadou Touré, ministre et porte-parole adjoint du gouvernement ivoirien, répond aux critiques de l'opposition.


Mamadou Touré sur TV5MONDE  "On ne l'a pas accepté en 2020, on ne l'acceptera pas en 2025"  © Crédit photo DR
Mamadou Touré sur TV5MONDE "On ne l'a pas accepté en 2020, on ne l'acceptera pas en 2025" © Crédit photo DR
Alors que la Coalition pour l'alternance pacifique, qui regroupe une vingtaine de partis d'opposition, prévoit un rassemblement à Abidjan le 31 mai, le gouvernement fait preuve d'intransigeance. Interrogé sur TV5MONDE le 5 mai, Mamadou Touré, ministre de la Jeunesse et porte-parole adjoint du gouvernement, a répondu sans détour aux revendications de l'opposition.

Le ton est sans ambiguïté. Pour le ministre, les manifestations annoncées par l'opposition cachent une stratégie bien précise : empêcher la tenue des élections dans les délais constitutionnels. "On ne l'a pas accepté en 2020, on ne l'acceptera pas en 2025", a-t-il martelé, établissant un parallèle avec la précédente élection présidentielle qui avait été marquée par des tensions.

Un dialogue politique jugé inutile

La demande d'un nouveau dialogue politique constitue l'une des principales revendications de l'opposition. Une requête balayée par Mamadou Touré : "Nous avons dialogué en 2021 et tous les points qui font l'objet des revendications de l'opposition ont été passés au peigne fin."

Le ministre rappelle qu'à l'issue de ce dialogue de 2021, un consensus avait été trouvé sur la Commission électorale indépendante (CEI), notamment en permettant au PDCI d'obtenir un représentant. "D'où vient-il que cette opposition avec qui nous avons eu un consensus sur la Commission électorale indépendante vienne remettre en cause aujourd'hui ce choix ?", s'interroge-t-il.

Pour le porte-parole du gouvernement, la stratégie de l'opposition est transparente : "Le dialogue s'entend par un cadre d'échange pour remettre en cause les acquis démocratiques et ne pas organiser les élections dans le temps imparti, c'est ce qu'ils veulent en réalité."

Mamadou Touré ne mâche pas ses mots lorsqu'il évoque les motivations de l'opposition. "C'est le même narratif qu'en 2020, c'est la même revendication. En réalité, c'est une opposition qui réchigne à aller au combat politique, qui a peur de la compétition et qui s'est battue déjà une élection présidentielle et qui est dans la surenchère pour éviter de se lancer dans un jeu démocratique."

Le ministre réfute également les critiques sur le système électoral actuel, que l'opposition, par la voix de Simone Gbagbo, a qualifié d'incapable de garantir la paix. "Ce système électoral n'a pas changé, est-ce que nous n'avons pas la paix en Côte d'Ivoire ?", rétorque-t-il, rappelant que plusieurs scrutins se sont déroulés sans incident majeur ces dernières années.

"En 2015, la présidentielle s'est passée dans de très bonnes conditions. En 2023, nous avons eu des élections locales saluées par toutes les parties. Les élections législatives de 2021 et l'élection locale de 2023 ont été saluées par toutes les parties. C'est de la mauvaise foi", affirme le ministre.

L'affaire Tidjane Thiam : une loi ancienne, pas une manœuvre politique

Concernant l'exclusion de Tidjane Thiam, chef du PDCI-RDA, de la course électorale en raison d'une question de nationalité, Mamadou Touré rejette les accusations d'instrumentalisation de la justice. Avec ironie, il demande : "Le pouvoir aurait anticipé en 1961 que M. Tidjane Thiam, qui n'était pas encore né, serait candidat en 2025 ?"

Le ministre rappelle que la loi sur la nationalité invoquée dans cette affaire date de 1961, aux premières heures de l'indépendance ivoirienne. "Je trouve choquant qu'il ait traité la loi sur la nationalité de notre pays de 'loi sombre'. Je veux rappeler que c'est son grand-oncle, Félix Houphouët-Boigny, et les pères fondateurs qui ont instauré cette loi. Et c'est cette loi qui a permis à son père, Amadou Thiam, de devenir Ivoirien, d'être naturalisé", souligne-t-il.

Sa conclusion sur ce point est sans appel : "Lorsqu'on aspire à gérer un pays, lorsqu'on aspire à gouverner un pays, on n'insulte pas les lois de son pays."

Pour appuyer sa critique de l'opposition ivoirienne, Mamadou Touré établit un parallèle avec le Sénégal, qu'il présente comme un modèle de maturité démocratique. "Les Sénégalais ont toujours eu la maturité démocratique. Ils dénoncent, oui, mais quand les institutions ont pris une décision, ils trouvent le mécanisme interne pour pouvoir donc pousser leurs idées et créer l'alternance", explique-t-il.

Le ministre évoque notamment l'exemple d'Ousmane Sonko qui, face à son inéligibilité, "n'a pas mis le Sénégal à feu et à sang" mais a soutenu Bassirou Diomaye Faye, aujourd'hui président de la République.

C'est alors que le ministre livre sa critique la plus sévère : "En Côte d'Ivoire, on a tout, sauf des démocrates. Vous avez en Côte d'Ivoire des putschistes, vous avez en Côte d'Ivoire des personnes qui ne respectent pas les règles démocratiques et qui rêvent aujourd'hui à ce qu'on n'ait pas des élections dans les délais constitutionnels."

Il conclut en opposant les deux situations : "Au Sénégal, c'est l'opposition et toute la classe politique qui s'est battue pour le maintien du délai constitutionnel pour organiser des élections. Mais en Côte d'Ivoire, vous avez une opposition qui se bat pour que les élections n'aient pas lieu dans les délais impartis pour nous entraîner dans l'incertitude."

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