Tidjane Thiam à Norbert Navarro sur la présidentielle 2025 © Crédit photo DR
Jeudi soir, à quelques heures de la clôture de la campagne électorale, Tidjane Thiam s'est confié en exclusivité sur YouTube depuis Paris. Le président du PDCI-RDA, écarté de la course présidentielle, a dressé un constat sévère du scrutin du 25 octobre. « Les candidats écartés représentent 52% des Ivoiriens », a-t-il martelé face aux journalistes Norbert Navarro et Atumgblan Nsan. Pour lui, impossible de parler d'élection démocratique quand « la moitié de la population est privée du choix qu'elle aurait voulu exprimer ».
L'ancien patron de Credit Suisse a rappelé son engagement de longue date pour l'inscription massive des électeurs. En 2024, il avait sillonné plus de dix villes pour mobiliser lors de la révision des listes électorales. Résultat : 943 000 nouveaux inscrits, un record qu'il revendique. Mais le compte n'y est toujours pas. « Il manque 4 à 5 millions d'électeurs sur les listes », insiste-t-il, citant des chiffres désormais admis même par ses adversaires. La Côte d'Ivoir e affiche le taux d'inscription le plus bas d'Afrique, derrière le Libéria, le Bénin ou le Sénégal.
L'ancien patron de Credit Suisse a rappelé son engagement de longue date pour l'inscription massive des électeurs. En 2024, il avait sillonné plus de dix villes pour mobiliser lors de la révision des listes électorales. Résultat : 943 000 nouveaux inscrits, un record qu'il revendique. Mais le compte n'y est toujours pas. « Il manque 4 à 5 millions d'électeurs sur les listes », insiste-t-il, citant des chiffres désormais admis même par ses adversaires. La Côte d'Ivoir e affiche le taux d'inscription le plus bas d'Afrique, derrière le Libéria, le Bénin ou le Sénégal.
Un parallèle avec 2000 et l'appel au dialogue
Atumgblan Nsan a rappelé une interview explosive d'Alassane Ouattara au Parisien en octobre 2000. À l'époque, l'actuel président dénonçait sa propre exclusion par la Cour suprême comme « une décision inique » et contestait la légitimité de Laurent Gbagbo. « Est-ce qu'on n'est pas dans un remake de l'histoire ? », a questionné le journaliste. Tidjane Thiam n'a pas détourné la comparaison. « Depuis un an et demi, nous réclamons un dialogue. Un dialogue, un dialogue, un dialogue », a-t-il répété, martelant que les conditions du scrutin déterminent directement ce qui se passera après.
Le 18 octobre, jour anniversaire de la naissance de Félix Houphouët-Boigny, le président du PDCI avait publié un message solennel. « Le dialogue reste l'arme des forts », y écrivait-il, citant le père fondateur. « Jamais il n'est trop tard pour dialoguer. La paix est encore possible. Agissons maintenant, le monde nous regarde, l'histoire nous jugera. » Une semaine plus tard, lors d'un meeting à Paris, ses mots ont fait polémique : « On a sept jours pour libérer la Côte d'Ivoire. » À Abidjan, certains y ont vu un appel à l'insurrection. Tidjane Thiam a balayé les accusations : « Est-ce que les Ivoiriens sont libres ? Je vous réponds clairement que non. Je veux les libérer de la peur et de l'esclavage de l'argent. »
Le 18 octobre, jour anniversaire de la naissance de Félix Houphouët-Boigny, le président du PDCI avait publié un message solennel. « Le dialogue reste l'arme des forts », y écrivait-il, citant le père fondateur. « Jamais il n'est trop tard pour dialoguer. La paix est encore possible. Agissons maintenant, le monde nous regarde, l'histoire nous jugera. » Une semaine plus tard, lors d'un meeting à Paris, ses mots ont fait polémique : « On a sept jours pour libérer la Côte d'Ivoire. » À Abidjan, certains y ont vu un appel à l'insurrection. Tidjane Thiam a balayé les accusations : « Est-ce que les Ivoiriens sont libres ? Je vous réponds clairement que non. Je veux les libérer de la peur et de l'esclavage de l'argent. »
Le scandale des « Papers immobiliers »
L'interview a aussi porté sur les révélations du jour concernant le patrimoine immobilier de la famille Ouattara. Un portail internet a publié des documents attestant de 124 propriétés en France, dont un acte notarié signé le 4 août 2011 par Alassane et Dominique Ouattara, moins de quatre mois après leur installation au pouvoir. Prudent, Tidjane Thiam a refusé de commenter des documents qu'il n'a pas pu vérifier. « C'est à vous, journalistes, de faire votre travail », a-t-il renvoyé.
Sur le fond, l'ancien banquier a défendu sa vision d'une économie portée par des entrepreneurs, pas par des « fonctionnaires milliardaires ». « Si ces sommes avaient été investies dans l'économie ivoirienne, elles ne me poseraient pas de problème. Il y aurait des milliers d'emplois derrière », a-t-il expliqué. « Quand je vois ça s'investir dans la pierre à Paris, je trouve ça dommage alors que nous avons un pays qui a besoin d'investissement. » Il a aussi dénoncé le non-versement de la subvention légale due au PDCI : « On n'a pas reçu un centime cette année. Comment bâtir une démocratie quand on refuse de verser aux partis leur dû ? »
Samedi, Tidjane Thiam n'ira pas voter. Sa position reste inchangée : dialogue et report du scrutin. En attendant, il continue son travail de terrain, même depuis Paris. Hier, lors de sa marche quotidienne, une jeune Ivoirienne l'a reconnu et lui a demandé d'adhérer au PDCI. Le soir même, un email était envoyé au responsable des adhésions. « 75 000 nouveaux adhérents depuis mon retour », se félicite celui qui se définit comme « un sergent recruteur ». À 63 ans, l'homme qui a dirigé Prudential et Credit Suisse veut croire encore au réveil démocratique de son pays.
Sur le fond, l'ancien banquier a défendu sa vision d'une économie portée par des entrepreneurs, pas par des « fonctionnaires milliardaires ». « Si ces sommes avaient été investies dans l'économie ivoirienne, elles ne me poseraient pas de problème. Il y aurait des milliers d'emplois derrière », a-t-il expliqué. « Quand je vois ça s'investir dans la pierre à Paris, je trouve ça dommage alors que nous avons un pays qui a besoin d'investissement. » Il a aussi dénoncé le non-versement de la subvention légale due au PDCI : « On n'a pas reçu un centime cette année. Comment bâtir une démocratie quand on refuse de verser aux partis leur dû ? »
Samedi, Tidjane Thiam n'ira pas voter. Sa position reste inchangée : dialogue et report du scrutin. En attendant, il continue son travail de terrain, même depuis Paris. Hier, lors de sa marche quotidienne, une jeune Ivoirienne l'a reconnu et lui a demandé d'adhérer au PDCI. Le soir même, un email était envoyé au responsable des adhésions. « 75 000 nouveaux adhérents depuis mon retour », se félicite celui qui se définit comme « un sergent recruteur ». À 63 ans, l'homme qui a dirigé Prudential et Credit Suisse veut croire encore au réveil démocratique de son pays.