Tidjane Thiam, président du PDCI, depuis Bruxelles : "Arrêter d'éliminer les candidats aux présidentielles"

Samedi 17 Mai 2025

Depuis Bruxelles, Tidjane Thiam, président du PDCI, a plaidé le 16 mai 2025 pour une présidentielle transparente en Côte d'Ivoire, dénonçant son inéligibilité.


Tidjane Thiam, président du PDCI, appelle depuis Bruxelles le 16 mai 2025 à une présidentielle inclusive en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Tidjane Thiam, président du PDCI, a vivement interpellé la classe politique ivoirienne depuis Bruxelles ce vendredi 16 mai 2025. Lors d'un entretien accordé à l'AFP, il a insisté sur la nécessité d'organiser une élection présidentielle "inclusive, transparente et crédible" en Côte d'Ivoire, prévue pour le 25 octobre prochain.

Ces déclarations interviennent alors que l'homme d'affaires, récemment porté à la tête du principal parti d'opposition ivoirien le mercredi 14 mai 2025, se trouve hors du pays depuis près de deux mois. Sa candidature à la magistrature suprême reste compromise par une controverse juridique autour de sa nationalité.

Un scrutin "inclusif, transparent et crédible"

L'ancien patron du Crédit Suisse a souligné que la Côte d'Ivoire doit démontrer sa maturité politique. "L'essentiel est que la Côte d'Ivoire ait une élection inclusive, transparente, crédible, qu'elle démontre qu'elle peut avoir une alternance politique pacifique, ce que le Sénégal et le Ghana ont fait", a-t-il affirmé. Selon M. Thiam, le pays doit "arrêter d'éliminer les candidats aux présidentielles".

Cette sortie médiatique s'inscrit dans un contexte où sa propre éligibilité est au cœur des débats. Radié des listes électorales fin avril suite à une décision de justice contestant sa nationalité ivoirienne en vertu d'une loi de 1961, Tidjane Thiam juge cette situation "irresponsable". Il participait également à une manifestation d'opposants ivoiriens aux abords des institutions de l'Union Européenne.

Nationalité contestée et "leçons du passé"

La justice ivoirienne a estimé que M. Thiam avait perdu sa nationalité ivoirienne en acquérant la nationalité française en 1987. "Cette loi est désuète, n'a jamais été appliquée à personne en 64 ans, et ils se sont appuyés dessus pour me faire disparaître de la liste électorale", a rétorqué l'opposant, petit-neveu de Félix Houphouët-Boigny et ancien ministre.

Face à ces imbroglios juridiques, il alerte : "Ces questions d'identité, d'ivoirité, c'est tout ce qui a déjà conduit le pays à des catastrophes et à des milliers de morts. Il faut tirer les leçons du passé et que la raison revienne." Concernant un éventuel retour, il a précisé : "On a demandé un certificat de nationalité au ministère de la Justice il y a dix jours, on attend toujours (...) Pour voyager il faut des papiers valides, c'est la décision des autorités." Il a ajouté : "On m'a dit que j'étais de nouveau ivoirien mais par un mécanisme que personne ne comprend, certains m'accusent de l'être redevenu frauduleusement."

Volonté de "redresser" le pays

Au-delà des questions électorales, Tidjane Thiam a exprimé son ambition de "redresser" la Côte d'Ivoire, un pays qui, selon lui, figure "dans les trente derniers mondiaux en matière d'espérance de vie et d'éducation". Il a notamment dressé une comparaison critique avec un pays voisin.

"La Côte d'Ivoire est deux fois plus riche que le Sénégal mais ses habitants ont neuf ans d'espérance de vie en moins (59 ans contre 68) après quinze ans de régime Ouattara. Je n'appelle pas ça un succès", a-t-il conclu, marquant clairement sa posture d'opposant déterminé face au bilan du pouvoir en place.

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