Affaire accord Corsair : Jean Bonin recadre Bictogo, "le peuple ne vous a pas élu pour que vous soyez "à l'aise" pendant que lui souffre"

Mercredi 21 Mai 2025

Jean Bonin a vivement réagi aux déclarations d'Adama Bictogo concernant l'accord Corsair, lui rappelant que les députés ne sont pas élus pour "être à l'aise" pendant que le peuple souffre.


Affaire accord Corsair : Jean Bonin recadre Bictogo © Crédit photo DR
L'accord Corsair, qui semble offrir des avantages tarifaires aux députés ivoiriens, cristallise les tensions entre différentes personnalités politiques. Jean Bonin a publiquement interpellé Adama Bictogo, président de l'Assemblée nationale, suite à des déclarations de ce dernier concernant le confort des élus. "Monsieur Adama Bictogo, le peuple ne vous a pas élu pour que vous soyez 'à l'aise' pendant que lui souffre", a déclaré Bonin dans un message largement relayé sur les réseaux sociaux.

Cette prise de position intervient dans un contexte où le fossé entre les privilèges des élus et les conditions de vie de la population fait l'objet de critiques croissantes. Le message de Bonin souligne cette disparité en rappelant que "le SMIG en Côte d'Ivoire plafonne à 75 000 FCFA", rendant le transport aérien inaccessible pour la majorité des Ivoiriens, même à tarif réduit.

Un inventaire des avantages déjà accordés aux députés

Dans sa déclaration, Jean Bonin dresse l'inventaire des avantages dont bénéficient déjà les députés ivoiriens, questionnant ainsi la légitimité de réclamer des privilèges supplémentaires. "Les députés ivoiriens bénéficient déjà de nombreux avantages", affirme-t-il, citant notamment "un salaire mensuel de 2,665 millions de FCFA" et "une prime d'installation de 10 millions de FCFA".

La liste comprend également une assurance maladie intégrale couvrant les membres de leur famille, un passeport diplomatique, un véhicule exonéré de douanes et taxes, une pension de retraite d'un million de FCFA par mois, ainsi que l'immunité parlementaire. Face à ces avantages considérables, Bonin estime que la recherche de privilèges supplémentaires s'apparente à une forme de "trahison" du mandat confié par les électeurs.

Un appel à recentrer le mandat parlementaire sur l'intérêt général

Jean Bonin rappelle avec insistance la nature et la finalité du mandat parlementaire. "Vous n'avez pas été élu pour rechercher des privilèges personnels ou pour 'être à l'aise'. Vous avez été élu pour défendre l'intérêt général", affirme-t-il à l'adresse de Bictogo, soulignant que les élus devraient "plaider la cause de ceux qui n'ont ni voix ni moyens".

Cette vision du rôle du député comme défenseur du bien commun plutôt que comme bénéficiaire de privilèges personnels trouve un écho particulier dans le contexte socio-économique actuel de la Côte d'Ivoire. Bonin invite ainsi le président de l'Assemblée nationale à reconsidérer ses priorités : "S'il y a une bataille qui devrait vous honorer, c'est celle visant à offrir au peuple un minimum de confort, d'opportunités, de justice et de dignité."

La déclaration de Jean Bonin se conclut par un appel à la décence politique. "Si vous ne pouvez pas (ou ne voulez pas) vous battre pour améliorer les conditions de vie de ceux qui vous ont élu, ayez au moins la décence de ne pas les narguer en public", écrit-il, estimant que les propos de Bictogo constituent une forme de provocation envers une population qui "souffre déjà assez en silence".

Cette affaire de l'accord Corsair révèle les tensions existantes au sein de la classe politique ivoirienne concernant la perception des privilèges et la notion de service public. Elle soulève également des questions sur la transparence des avantages accordés aux élus et sur l'adéquation entre ces privilèges et la réalité socio-économique du pays. À l'heure où la Côte d'Ivoire fait face à de nombreux défis économiques, cette controverse pourrait relancer le débat sur le train de vie des institutions républicaines.

Cette prise de position de Jean Bonin, par sa virulence et son caractère direct, marque un tournant dans le discours public concernant les privilèges des élus. Elle pourrait contribuer à un débat plus large sur la responsabilité des représentants envers leurs électeurs et sur la notion même de représentation politique dans le contexte ivoirien actuel.

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