Affaire "espionnage fonctionnaires ivoiriens au Burkina" : Abidjan répond au capitaine Ibrahim Traoré, "il faut sortir du fantasme"

Jeudi 2 Octobre 2025

Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement ivoirien, a rejeté fermement le 1er octobre 2025 les soupçons du capitaine Ibrahim Traoré d'espionnage visant les agents DAARA recensant les réfugiés du Burkina.


Affaire "espionnage fonctionnaires ivoiriens au Burkina" : Abidjan répond au capitaine Ibrahim Traoré © Crédit photo DR
Les accusations d'espionnage des agents DAARA de la Côte d'Ivoire occupent le devant de la scène diplomatique. Amadou Coulibaly, porte-parole du gouvernement, a balayé le mercredi 1er octobre 2025 les suspicions du Burkina Faso contre les agents du service d'assistance aux réfugiés et apatrides. « Ce ne sont pas des espions, c'est un fantasme. Il faut sortir du fantasme », a martelé le ministre de la Communication à l'issue du Conseil des ministres. Une réponse cinglante aux déclarations du capitaine Ibrahim Traoré.

Le dirigeant burkinabè avait accusé Abidjan d'abriter des ennemis de son pays et pointé du doigt les activités de la DAARA. Pour Amadou Coulibaly, ces agents effectuent simplement un « travail administratif de recensement » sur le terrain. « Pour que ces réfugiés puissent bénéficier de l'aide de l'État ivoirien, ils ont besoin d'être identifiés », a-t-il expliqué. Un travail de routine transformé en affaire d'État par Ouagadougou.

Un recensement devenu suspect

Les chiffres parlent d'eux-mêmes. La Côte d'Ivoire accueille plus de 80.000 réfugiés fuyant les violences terroristes au Burkina Faso. « Ces personnes ont besoin d'être recensées », a insisté le porte-parole gouvernemental. Les agents de la DAARA, tous des civils, parcourent régulièrement les camps pour enregistrer les nouveaux arrivants. Un flux continu qui nécessite un suivi administratif permanent.

« Un agent de recensement de la population pourrait en ce moment être un espion. Un agent d'état civil qui pose des questions sur la naissance d'un enfant pourrait être un espion », a ironisé Amadou Coulibaly devant la presse. Le ministre a dénoncé une paranoïa qui touche désormais les fonctionnaires les plus ordinaires. 

Toujours pas de preuves de déstabilisation

Le gouvernement ivoirien fait face à une situation complexe. « La Côte d'Ivoire subit aujourd'hui une pression » démographique importante, a reconnu le porte-parole. En cause : le retrait de plusieurs organismes internationaux qui encadraient auparavant les populations déplacées. « Nous nous sommes organisés pour pouvoir suppléer l'absence de ces ONG qui se sont retirées », a précisé Amadou Coulibaly.

Ces organisations ont quitté le terrain « en raison de la politique actuelle qu'il y a dans ce pays voisin », a glissé le ministre sans plus de détails. Résultat : Abidjan assume seul la gestion humanitaire d'un afflux croissant de réfugiés. Sur les 7 millions d'étrangers vivant en Côte d'Ivoire (26% de la population totale), 3 millions sont des Burkinabè. Un poids démographique qui rend toute tension avec Ouagadougou particulièrement sensible.

« Nous attendons jusqu'à ce jour les preuves des accusations » de projet de déstabilisation, a lancé Amadou Coulibaly. Le porte-parole du gouvernement renvoie systématiquement la balle dans le camp burkinabè. « Nous sommes une terre d'hospitalité et d'accueil, et dire que nous abritons leurs ennemis (n'est pas exact) », a-t-il réaffirmé.

À 24 jours de l'élection présidentielle ivoirienne du 25 octobre, le gouvernement veut éteindre la polémique. « Nous n'avons aucun intérêt que ce pays soit déstabilisé, parce que c'est nous qui en paierons le prix fort », a prévenu le ministre. Entre tradition d'accueil et accusations d'espionnage, Abidjan tente de maintenir le dialogue tout en défendant fermement ses fonctionnaires.

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