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Boga Sako Gervais dans le viseur judiciaire ivoirien, ses comptes bancaires bloqués

Mardi 24 Juin 2025

Boga Sako Gervais fait l'objet d'une ordonnance de blocage de comptes bancaires. Le défenseur des droits humains accusé de terrorisme et d'attentat contre l'État.


Boga Sako Gervais dans le viseur judiciaire ivoirienne, ses comptes bancaires bloqués
Boga Sako Gervais dans le viseur judiciaire ivoirienne, ses comptes bancaires bloqués
Boga Sako Gervais se retrouve pris dans l'étau judiciaire ivoirien. Une ordonnance de placement de comptes bancaires sous main de justice vient d'être prononcée contre l'enseignant-chercheur et militant des droits humains. Cette décision émane du juge d'instruction du tribunal de première instance d'Abidjan-Plateau, section antiterroriste, et s'inscrit dans une procédure judiciaire aux ramifications multiples.

L'ordonnance RP 4661/20 révèle un dossier d'accusation particulièrement étoffé. Le parcours judiciaire de Boga Sako Gervais s'étale sur plusieurs années, avec déjà une première mesure de contrôle judiciaire prononcée le 27 juillet 2021. Cette nouvelle escalade témoigne d'un durcissement des poursuites contre cette figure de l'opposition ivoirienne.

Accusations terrorisme

Le réquisitoire judiciaire dresse un tableau accablant des griefs retenus contre Boga Sako Gervais. Les magistrats lui reprochent sa "participation à un attentat et à un complot contre l'autorité de l'État". Cette accusation de haute trahison constitue l'épine dorsale du dossier répressif monté contre le défenseur des droits humains.

L'arsenal répressif ne s'arrête pas là. Le dossier mentionne des "actes terroristes", des "meurtres", ainsi que des "vols en réunion commis avec violence". Ces accusations lourdes s'accompagnent de griefs supplémentaires : destructions volontaires de biens publics et privés, incendie de véhicules, actes de pillage et blessures volontaires.

Le volet politique des accusations comprend la participation à un "mouvement insurrectionnel" et l'organisation de "manifestations non déclarées". Cette accumulation de charges dessine le portrait d'un opposant que les autorités judiciaires considèrent comme particulièrement dangereux pour l'ordre public.

Stratégie d'anticipation et fuite préventive

La chronologie des événements révèle une stratégie d'anticipation de la part du militant. Le 18 juin 2025, soit six jours avant l'émission de l'ordonnance, Boga Sako Gervais avait publié une vidéo depuis l'étranger expliquant les raisons de son départ de Côte d'Ivoire. Il évoquait une "menace imminente d'interpellation" et accusait le pouvoir d'instrumentaliser le climat politique.

Dans cette déclaration filmée, le militant affirmait n'avoir bénéficié d'aucune procédure légale normale. "Je n'ai reçu ni convocation, ni notification légale", précisait-il, tout en redoutant une "arrestation clandestine". Cette crainte faisait suite à un contact du préfet de police d'Abidjan après réception d'un message qualifié de menaçant.

Le déclencheur de cette fuite semble être la conférence de presse du 9 juin tenue avec ses alliés de la PEC-CI. Boga Sako Gervais y avait dénoncé un "processus électoral verrouillé", critique qui pourrait expliquer l'accélération des poursuites judiciaires à son encontre.

Silence officiel

L'absence de communication officielle du gouvernement ou du parquet sur cette affaire contraste avec la gravité des accusations. Cette stratégie du silence semble viser à éviter une politisation excessive du dossier judiciaire. Les autorités privilégient apparemment une approche technique plutôt qu'une confrontation médiatique directe.

L'entourage du militant confirme qu'il se trouve désormais "en sécurité dans un lieu tenu secret" à l'étranger. Cette situation d'exil lui permet d'échapper aux poursuites tout en maintenant son activisme politique. Ses proches annoncent qu'il entend poursuivre son "action de veille citoyenne à distance".

Dans sa vidéo de juin, Boga Sako Gervais avait pris soin de préciser : "Je ne prendra jamais les armes contre mon pays." Cette déclaration semble destinée à contrer par avance les accusations de terrorisme qui pèsent désormais sur lui. Le blocage de ses comptes bancaires constitue une nouvelle forme de pression financière dans cette confrontation judiciaire qui s'enlise.

Cette affaire illustre les tensions croissantes dans le paysage politique ivoirien à l'approche des échéances électorales. Le sort de Boga Sako Gervais pourrait préfigurer celui d'autres figures de l'opposition dans les mois à venir.

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