Gbagbo à Yopougon FICGAYO ce samedi : "si c'est pour ça qu'ils ont bombardé ma résidence, ils peuvent recommencer"

Samedi 16 Aout 2025

Laurent Gbagbo évoque la crise de 2011 dans son discours du meeting PPA-CI le 16 août 2025 à Yopougon FICGAYO face à l'influence française.


Laurent Gbagbo au meeting du PPA-CI ce 16 août 2025 à Yopougon FICGAYO © Crédit photo DR
Laurent Gbagbo au meeting du PPA-CI ce 16 août 2025 à Yopougon FICGAYO a ramené à la surface les traumatismes de la crise post-électorale de 2011. L'ancien président a évoqué les bombardements de sa résidence présidentielle par les forces françaises Licorne, dans un contexte de dénonciation de l'influence persistante de Paris sur la politique ivoirienne. Devant plusieurs milliers de militants rassemblés, il a établi un parallèle direct entre les événements de 2011 et la situation actuelle.

"Et si c'est pour ça qu'ils ont bombardé ma résidence présidentielle quand j'étais président, eh bien, ils peuvent recommencer", a-t-il lancé avec défi. Cette déclaration résonne comme un défi lancé à la France, 14 ans après les événements qui ont provoqué sa chute du pouvoir et son transfert à La Haye devant la Cour pénale internationale.

Mémoire traumatique réactivée

L'évocation des bombardements de 2011 intervient dans un discours plus large sur l'indépendance nationale. Gbagbo a établi un lien direct entre sa résistance d'alors et son opposition actuelle au quatrième mandat. "Parce qu'un pays libre est un pays libre. Un pays libre doit être un pays libre", a-t-il martelé par trois fois, reprenant une formule qui lui est chère depuis son retour en Côte d'Ivoire.

Cette référence aux bombardements français du 11 avril 2011 rappelle l'un des épisodes les plus violents de la crise post-électorale ivoirienne. Les hélicoptères de l'opération Licorne avaient alors pilonné la résidence présidentielle d'Abidjan pour contraindre Gbagbo à quitter le pouvoir après sa défaite électorale contestée face à Alassane Ouattara.

Défiance assumée envers Paris

L'ancien chef d'État a utilisé cette mémoire douloureuse pour justifier son rejet de l'influence française actuelle. Il dénonce ce qu'il perçoit comme une soumission du pouvoir ivoirien aux décisions prises à l'Élysée. "Je n'accepte pas qu'on joue de façon si caricaturale avec notre indépendance", a-t-il affirmé, établissant une continuité entre sa résistance passée et présente.

Cette posture de défiance tranche avec la normalisation des relations franco-ivoiriennes sous l'ère Ouattara. Gbagbo revendique une rupture avec cette approche diplomatique, présentant son opposition politique comme une lutte pour une véritable souveraineté nationale.

En évoquant sa disponibilité à subir de nouveaux bombardements, Gbagbo adresse un message direct aux "soutiens extérieurs" du pouvoir actuel. "Et je le dis haut et fort, pour lui-même, pour ses soutiens locaux ici et pour ses soutiens extérieurs", a-t-il précisé, désignant implicitement la France comme acteur de la politique ivoirienne.

Cette référence aux événements de 2011 constitue aussi un rappel à ses partisans de sa capacité de résistance face aux pressions internationales. En acceptant publiquement l'éventualité de nouveaux bombardements, l'ex-président affiche une détermination sans faille dans son combat politique actuel contre le quatrième mandat présidentiel.

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