La CEI porte plainte contre Abidjan.net pour publication de faux résultats avant la présidentielle du 25 octobre

Samedi 25 Octobre 2025

La CEI dépose plainte contre Abidjan.net pour publication de faux résultats avant la présidentielle ivoirienne du 25 octobre 2025. Le média risque des poursuites pénales et civiles.


La CEI porte plainte contre Abidjan.net pour publication de faux résultats avant la présidentielle du 25 octobre © Crédit photo DR
La Commission Électorale Indépendante passe à l'offensive judiciaire. Par la voix de son cabinet d'avocats Binta Bakayoko, l'institution a annoncé vendredi soir le dépôt d'une plainte contre le média en ligne Abidjan.net. Le grief ? Publication de fausses nouvelles et atteinte à l'ordre public. Une décision prise après la diffusion, le 24 octobre, de résultats fictifs présentés comme ceux de l'élection présidentielle, alors que le scrutin n'avait pas encore eu lieu.

Les faits sont simples mais graves. En début de soirée vendredi, la plateforme numérique a mis en ligne des données dites "résultats provisoires par régions" créditant Alassane Ouattara, candidat du RHDP, de plus de 95% des voix dans plusieurs localités. Un chiffre qui a immédiatement déclenché une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. Le site a certes présenté ses excuses quelques heures plus tard, parlant d'incident technique. Trop tard pour éviter la plainte.

Des poursuites pénales

Le cabinet Binta Bakayoko ne lâche rien. Dans son communiqué, l'avocate indique que la plainte vise à "faire constater les infractions de publication de fausses nouvelles et trouble à l'ordre public" et à "engager la responsabilité pénale et civile du média concerné et de ses dirigeants". Des mots pesants qui laissent présager une bataille judiciaire de longue haleine.

Pour la CEI, cette "diffusion mensongère, dépourvue de tout fondement factuel, constitue une violation manifeste des lois et règlements régissant la presse et la communication publique en période électorale". L'institution insiste : ce comportement "porte atteinte à la crédibilité du processus électoral, sème la confusion dans l'opinion publique et menace la paix sociale". Des accusations lourdes dans un pays où les tensions électorales restent vives.

Simone Gbagbo et Don Mello avaient réagi

Avant même l'annonce de la plainte, deux candidats à la présidentielle avaient réagi avec virulence. Simone Gbagbo, présidente du MGC, avait dénoncé "une violation manifeste de l'article 39, alinéa 4, du Code électoral" et "une atteinte grave au principe de sincérité du scrutin". Elle avait appelé la CEI à prendre "toutes les dispositions nécessaires afin d'empêcher la diffusion de fausses informations".

De son côté, l'équipe d'Ahoua Don Mello était allée plus loin, qualifiant la publication "d'acte hautement gravissime" et réclamant une "enquête approfondie à l'effet d'identifier les auteurs et les co-auteurs directs pour connaître leurs intentions réelles". Son directeur de communication avait même demandé l'interdiction pour Abidjan.net de publier tout résultat électoral, y compris après la proclamation officielle.

Au-delà du cas Abidjan.net, la CEI envoie un message à l'ensemble de la presse ivoirienne. Elle "réaffirme son attachement indéfectible aux valeurs de justice, de transparence et de légalité" et "appelle l'ensemble des organes de presse à exercer leur mission d'information avec rigueur, impartialité et respect des règles déontologiques". Un avertissement qui résonne à quelques heures du scrutin.

L'institution rappelle qu'elle reste "l'unique autorité habilitée à communiquer les résultats provisoires issus des bureaux de vote". L'article 39 du Code électoral est clair : toute personne non habilitée qui publie ou diffuse des estimations de vote s'expose à des sanctions. Reste à savoir quelle peine le tribunal prononcera si Abidjan.net est reconnu coupable. Les Ivoiriens attendent désormais de voir comment la justice tranchera cette affaire qui a empoisonné la veille du scrutin.

A LIRE AUSSI

Dans la même rubrique :