Le CNDH publie son rapport préliminaire sur la présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire : 212 incidents recensés

Lundi 27 Octobre 2025

Le CNDH a publié ce 27 octobre son rapport préliminaire sur l'élection présidentielle ivoirienne du 25 octobre 2025 et recense 212 incidents dont destructions de bureaux de vote et violences.


Le CNDH publie son rapport préliminaire sur la présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire © Crédit photo DR
Le CNDH a déployé 2 350 observateurs sur le terrain pour surveiller l'élection présidentielle du 25 octobre 2025 en Côte d'Ivoire. Ces équipes ont sillonné les 31 régions administratives du pays, d'Abidjan à Yamoussoukro, pour évaluer le respect des droits de l'homme durant ce scrutin disputé. Le bilan est préoccupant. Dans sa déclaration préliminaire publiée le 27 octobre, l'institution présidée par Namizata Sangaré relève de nombreuses irrégularités qui ont entaché le processus électoral.

Sur 9 400 lieux de vote visités, soit 79,43 % du total national, les observateurs ont pu accéder à seulement 71 lieux. Soit 0,27 % de l'ensemble du territoire. Un chiffre qui témoigne des difficultés rencontrées sur le terrain par les équipes d'observation, confrontées à des blocages et des intimidations. La mission a également constaté que 129 urnes ont été saccagées lors d'incidents violents qui ont émaillé la journée du scrutin.

Plus de 700 interpellations avant le vote

Les tensions n'ont pas attendu le jour J pour se manifester. Entre le 11 et le 21 octobre, plusieurs tentatives de manifestations à Abidjan et dans d'autres villes ont été interdites par le gouvernement. Résultat : plus de 700 personnes ont été interpellées par les forces de l'ordre, et des procédures judiciaires ont été ouvertes contre elles. Six autres ont perdu la vie, dont deux dans la région du Sud Comoé, une à Agnéby-Tiassa dans le Grand Yapo, une à Daloa et deux à Yamoussoukro.

Le CNDH note que l'opposition politique, organisée en alliances comme le CAP-CI et le front commun PPA-CI et PDCI, a boycotté le scrutin. Ces formations n'ont donné aucune consigne de vote à leurs militants mais ont appelé à des marches de protestation. Les manifestations organisées le samedi 14 octobre ont provoqué des arrestations, des destructions de biens et une perte en vie humaine. Face à cette situation explosive, le gouvernement a pris un arrêté conjoint le 17 octobre interdisant pour deux mois les meetings et manifestations publiques sur l'ensemble du territoire.

212 incidents rapportés le jour du scrutin

Le jour même de l'élection, à 9 heures, 212 incidents avaient déjà été rapportés via le système d'alerte précoce du CNDH. Parmi eux : saccage de matériel électoral, destruction et dégradation de biens privés et publics, intimidation des agents des bureaux de vote et d'électeurs, obstruction de voies, agressions physiques d'agents électoraux et d'observateurs accrédités, empêchements de vote, refus d'accès imposés à des observateurs pour certaines phases du scrutin.

Les observateurs ont également relevé des dysfonctionnements graves dans l'organisation du vote. Sur 2 350 bureaux de vote observés à l'ouverture, seulement 1 527 ont respecté l'heure légale de 8 heures, soit 64,98 %. Les 823 bureaux restants, soit 35,02 %, n'ont pas pu ouvrir à temps. En cause : l'arrivée tardive de certains membres des bureaux de vote, le retard dans l'acheminement du matériel électoral, ou encore des contraintes de sécurité.

Autre constat : 71 lieux de vote n'ont pas ouvert sur l'ensemble du territoire national. Par ailleurs, certains observateurs accrédités du CNDH ont été refoulés par des présidents de bureaux de vote malgré le mode opératoire établi. Des délocalisations de bureaux pour raisons sécuritaires ont également empêché l'observation du dépouillement dans 813 bureaux de vote, soit 3,20 % du total.

Dans sa conclusion, le CNDH estime que le scrutin s'est déroulé "dans un climat serein, propice au respect des droits de l'homme". Une appréciation qui contraste avec la longue liste d'incidents recensés. L'institution formule néanmoins plusieurs recommandations au gouvernement : poursuivre le dialogue avec toutes les parties prenantes lors des prochaines échéances électorales, veiller au respect des droits de l'homme durant tout le cycle électoral, harmoniser la législation sur la représentativité des femmes dans les assemblées élues.

À la CEI, le CNDH demande de poursuivre les interactions avec toutes les parties pour renforcer son capital confiance, d'accroître les campagnes d'éducation civique auprès des populations, notamment des femmes, des jeunes et des personnes en situation de handicap. Aux candidats, l'institution recommande de recourir uniquement aux voies légales de contestation devant les organes compétents et de promouvoir la paix et la cohésion sociale. Un rapport final détaillé sera publié ultérieurement sur tous les supports de communication du CNDH.

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