Tidjane Thiam depuis Paris : "Nous avons sept jours pour libérer la Côte d'Ivoire"

Dimanche 19 Octobre 2025

Le président du PDCI-RDA Tidjane Thiam lance un appel depuis Paris le 18 octobre 2025. Il fixe une échéance de sept jours alors que les meetings sont interdits en Côte d'Ivoire.


Tidjane Thiam depuis Paris : "Nous avons sept jours pour libérer la Côte d'Ivoire" © Crédit photo DR
Le président du PDCI-RDA Tidjane Thiam a frappé fort depuis Paris. Dans une déclaration vidéo publiée le 18 octobre 2025, l'ancien banquier a fixé un ultimatum de sept jours à ses partisans. "Nous avons sept jours pour libérer la Côte d'Ivoire. Dieu a créé le monde en sept jours, nous pouvons libérer la Côte d'Ivoire en sept jours", a-t-il martelé. Une référence biblique qui ne doit rien au hasard et qui sonne comme un appel à la mobilisation générale.

Cette sortie intervient dans un contexte explosif. Depuis le 17 octobre, un arrêté conjoint des ministères de la Défense et de l'Intérieur interdit pour deux mois tous les meetings et manifestations publiques des partis politiques sur l'ensemble du territoire national. Seules exceptions : les activités liées à l'élection présidentielle du 25 octobre. Un texte qui vise clairement l'opposition, écartée du scrutin après le rejet des candidatures de Thiam et Laurent Gbagbo par le Conseil constitutionnel l e 8 septembre dernier.

Une opposition muselée et réprimée

Les autorités ne plaisantent pas avec l'application de cette interdiction. Le 11 octobre, les forces de sécurité ont dispersé au gaz lacrymogène des groupes de jeunes qui tentaient de se rassembler à Cocody, quartier est d'Abidjan, et à l'intérieur du pays. Le bilan est lourd : 700 arrestations ont été effectuées selon les chiffres officiels. Pire encore, 26 personnes ont déjà été jugées et condamnées à trois ans de prison ferme.

Le préfet d'Abidjan avait déjà interdit deux rassemblements pacifiques organisés par le Front commun PPA-CI/PDCI, les 4 et 11 octobre. Officiellement, la marche du 11 octobre n'avait pas été notifiée dans les règles. Un argument que l'opposition conteste fermement. Les députés du Front commun ont appelé à un "sursaut patriotique" dans une déclaration récente, mais leurs mots peinent à trouver un écho face à la répression.

Un scrutin à cinq sans les poids lourds

L'élection présidentielle du 25 octobre met aux prises cinq candidats. Parmi eux, le président sortant Alassane Ouattara, l'ex-Première dame Simone Ehivet et Jean-Louis Billon. Mais les absents pèsent lourd. Laurent Gbagbo, ex-président et chef du PPA-CI, et Tidjane Thiam, qui s'étaient associés en juin pour réclamer une alternance politique, n'ont pas pu présenter leurs dossiers. Le Conseil constitutionnel a tranché, leurs candidatures ont été rejetées.

Le 2 octobre, le Conseil national de sécurité avait prévenu : toutes les "mesures nécessaires" seraient prises pour maintenir l'ordre pendant la période électorale. Cela incluait l'interdiction de toute réunion ou manifestation publique visant à contester les décisions du Conseil constitutionnel. L'article 2 de l'arrêté du 17 octobre enfonce le clou : les contrevenants s'exposent à des poursuites judiciaires.

"Nous sommes unis dans ce combat. Rien n'est plus important que la semaine qui vient", a insisté Tidjane Thiam dans son message. L'homme, qui vit entre Paris et la Suisse, choisit ses mots avec soin. "N'ayez pas peur", lance-t-il à ses militants. Un appel au courage qui tranche avec la réalité du terrain, où les arrestations se comptent par centaines.

La campagne électorale, ouverte le 10 octobre, s'achève le 23 octobre. Cinq jours avant le scrutin. Les sept jours évoqués par Thiam tombent pile dans cette période charnière. Reste à savoir ce que l'opposition compte faire concrètement. Les meetings sont interdits, les manifestations réprimées, les condamnations tombent. Le Front commun joue une partition risquée. Les prochains jours diront si l'appel de Thiam trouve un écho ou s'il restera lettre morte.

A LIRE AUSSI

Dans la même rubrique :