"Entretien avec Alain Foka : ce qu'il faut retenir du message de Laurent Gbagbo"

Lundi 27 Octobre 2025

Laurent Gbagbo, l'ancien président ivoirien, dénonce un coup d'État civil lors d'un entretien avec Alain Foka, encourage les manifestations populaires et annonce son départ de la politique programmé pour 2026.


Entretien avec Alain Foka : ce qu'il faut retenir du message de Laurent Gbagbo © Crédit photo DR
Laurent Gbagbo a parlé. Dans un entretien accordé au journaliste Alain Foka, l'ancien chef d'État ivoirien a livré une analyse sans détour de la situation politique en Côte d'Ivoire. Ses propos, très attendus dans un climat tendu marqué par l'exclusion de plusieurs candidats de l'élection présidentielle, ont fait l'effet d'une bombe. « C'est un coup d'État civil », a-t-il déclaré en évoquant les opérations électorales en cours, avant de parler carrément de « braquage électoral ».

Le ton est donné. Pour Gbagbo, Alassane Ouattara viole la Constitution en se présentant pour un quatrième mandat. « Nul n'est tenu face au faux », martèle l'ancien président, qui appelle implicitement le peuple souverain à rejeter ce qu'il qualifie de farce. La règle des deux mandats présidentiels, inscrite dans la loi fondamentale, est selon lui piétinée. Un scrutin non inclusif qui, à ses yeux, tourne le dos aux principes démocratiques.

Un soutien assumé aux contestataires

Sur les manifestations qui secouent le pays, Laurent Gbagbo a levé toute ambiguïté. Sans donner de mot d'ordre précis, il a clairement affiché son soutien à la contestation populaire. « Si vous descendez dans les rues, sachez que c'est de bonne guerre, c'est noble et je vous soutiens jusqu'au bout », rapporte l'analyse d'AGA Dei Liberta, proche de Guillaume Soro.

Cette position tranche avec la retenue habituelle des leaders politiques. Gbagbo assume pleinement d'encourager ceux qui occupent les rues d'Abidjan et d'autres villes ivoiriennes. Pour lui, ces citoyens mènent « le bon combat » face à ce qu'il dénonce comme un mépris de la Constitution. Un message qui arrive au moment où les tensions s'accentuent entre le pouvoir et l'opposition, et où les forces de l'ordre tentent de contenir les mouvements de protestation.

Le passage de témoin annoncé pour 2026

L'autre révélation de cet entretien concerne l'avenir politique de Laurent Gbagbo lui-même. L'ancien président a confirmé son intention de quitter la vie politique en 2026. À 80 ans, il estime avoir fait son temps et veut laisser la place à la nouvelle génération. « J'ai mené dans mon jeune âge des combats en Côte d'Ivoire et il est temps pour moi de soutenir ces jeunes frères qui doivent prendre le relais pour parfaire l'œuvre », aurait-il expliqué.

Ce calendrier dessine une forme de transition au sein de l'opposition ivoirienne. En annonçant son retrait tout en soutenant les manifestations actuelles, Gbagbo semble vouloir préparer le terrain pour ceux qui vont lui succéder. Un passage de relais qu'il présente comme nécessaire pour que « le salut de cette génération » puisse se concrétiser. Reste à voir qui, parmi les leaders politiques de la nouvelle ère, sera en mesure de reprendre le flambeau d'une figure qui a traversé plus de quarante ans d'histoire politique ivoirienne.

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