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Partenariat : Quand les Institutions ivoiriennes volent avec Corsair, que reste-t-il pour Air Côte d'Ivoire ?

Dimanche 18 Mai 2025

En Côte d'Ivoire, le renouvellement de partenariat entre cinq institutions étatiques ivoiriennes et la compagnie française Corsair le 15 mai 2025 soulève des interrogations sur la politique aérienne nationale.


Partenariat : Quand les Institutions ivoiriennes volent avec Corsair, que reste-t-il pour Air Côte d'Ivoire ? © Crédit photo DR
Partenariat : Quand les Institutions ivoiriennes volent avec Corsair, que reste-t-il pour Air Côte d'Ivoire ? © Crédit photo DR
Partenariat renouvelé entre Corsair et cinq institutions ivoiriennes, mais quid d'Air Côte d'Ivoire ? Le jeudi 15 mai 2025, une cérémonie officielle présidée par Kandia Camara, présidente du Sénat ivoirien, a officialisé la prolongation de l'accord liant la compagnie aérienne française à cinq structures étatiques majeures : le Sénat, l'Assemblée nationale, l'Assemblée des régions et districts (ARDCI), l'Union des villes et communes (UVICOCI) et le Conseil économique, social, environnemental et culturel (CESEC).

Ce partenariat, initialement conclu en décembre 2022, offre aux membres de ces institutions, ainsi qu'à leurs familles et collaborateurs, des avantages substantiels sur les liaisons Abidjan-Paris, notamment des tarifs préférentiels et un confort accru. Mais cette décision suscite une vive controverse dans un pays qui a investi massivement dans sa propre compagnie nationale, Air Côte d'Ivoire.

Un choix difficile à justifier pour une souveraineté aérienne

La reconduction de cet accord intervient dans un contexte particulier pour le transport aérien ivoirien. L'État détient une participation majoritaire dans Air Côte d'Ivoire, compagnie lancée en 2012 avec l'ambition affichée de faire d'Abidjan un hub aérien régional. Des investissements considérables ont été consentis pour développer cette entreprise stratégique, symbole de la souveraineté aérienne du pays.

L'apparente contradiction entre ces efforts nationaux et le choix des institutions de privilégier un transporteur étranger pour leurs déplacements officiels soulève des questions légitimes. Les analystes du secteur aérien s'interrogent : comment interpréter ce signal envoyé par les plus hautes instances de l'État ? Les explications officielles restent pour l'instant limitées à des considérations de "qualité de service", selon les termes employés par la présidente du Sénat lors de la cérémonie.

Des enjeux économiques et stratégiques qui dépassent le simple confort

Le partenariat avec Corsair pose la question plus large de la politique de soutien aux entreprises nationales. Dans plusieurs pays, les institutions étatiques favorisent systématiquement leurs compagnies nationales pour les déplacements officiels, créant ainsi un effet d'entraînement et un volume d'affaires garanti. Cette approche est généralement considérée comme faisant partie d'une stratégie économique cohérente.

Des experts en économie des transports soulignent que les avantages à court terme obtenus via cet accord pourraient s'avérer contre-productifs à long terme. "En privant Air Côte d'Ivoire d'une clientèle institutionnelle stable, on fragilise potentiellement son modèle économique déjà soumis à une forte concurrence internationale", explique un spécialiste du secteur aérien africain qui préfère garder l'anonymat.

Cette situation crée un malaise perceptible dans l'opinion publique ivoirienne. Sur les réseaux sociaux, nombreux sont les internautes qui expriment leur incompréhension face à ce qu'ils perçoivent comme un manque de cohérence. "Comment peut-on demander aux citoyens de soutenir l'économie nationale quand les institutions elles-mêmes préfèrent les services étrangers ?", s'interrogent plusieurs commentateurs.

Des voix s'élèvent également dans les milieux économiques pour questionner la pertinence stratégique de cette décision. La Chambre de Commerce et d'Industrie, sans critiquer ouvertement l'accord, a rappelé l'importance de "privilégier les circuits économiques nationaux quand les conditions le permettent", dans un communiqué publié récemment.

Des explications attendues sur un choix controversé

Face à la montée des critiques, les institutions signataires devront probablement clarifier les raisons qui ont motivé ce partenariat. S'agit-il de considérations purement pratiques liées aux fréquences de vols ou aux destinations proposées ? Les conditions tarifaires sont-elles si avantageuses qu'elles justifient de contourner la compagnie nationale ?

Pascal de Izaguirre, PDG de Corsair, a qualifié ce partenariat d'« immense honneur », mais n'a pas détaillé les conditions commerciales de l'accord. Le montant des réductions accordées et leur impact sur les finances publiques restent inconnus, ajoutant une couche d'opacité à une décision déjà controversée.

La balle est désormais dans le camp des autorités ivoiriennes pour expliquer comment cette stratégie s'articule avec la vision de développement d'Air Côte d'Ivoire, et plus largement avec la politique de souveraineté économique du pays.

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