Présidentielle ivoirienne 2025 : le RHDP rejette tout "arrangement politique" avec l'Opposition

Mercredi 18 Juin 2025

Adjoumani ferme la porte aux négociations lors des "Rendez-vous du RHDP" du 18 juin 2025. "Ce temps-là est révolu", tranche le ministre d'État.


Le RHDP rejette tout "arrangement politique" avec l'Opposition © Crédit photo DR
Le RHDP durcit sa position face aux revendications de l'opposition. "Nous voulons profiter de cette tribune pour lancer à nouveau un appel pressant à tous ceux qui rêvent, tous ceux qui formulent des négociations, qui formulent des exigences, qui revendiquent des arrangements politiques pour X ou pour Y que ce temps-là est révolu", déclare Kobenan Kouassi Adjoumani ce mercredi 18 juin 2025. Le ministre d'État et porte-parole principal du parti au pouvoir ferme définitivement la porte aux discussions sur l'éligibilité des candidats exclus.

Cette déclaration intervient lors des "Rendez-vous du RHDP" hebdomadaires, trois jours avant le congrès du parti prévu au stade Alassane Ouattara d'Ebimpé. Adjoumani refuse catégoriquement toute flexibilité sur les critères légaux d'éligibilité, mettant fin aux espoirs de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé et autres figures de l'opposition radiées de la liste électorale. "Le compte à rebours a véritablement commencé", prévient-il avec solennité.

La machine électorale en marche

"Il est encore temps de revenir dans le jeu, parce que dans quelques jours, lorsque certaines étapes seront franchies, la machine ne pourra plus faire marche-arrière", avertit Adjoumani en fixant un ultimatum implicite. Cette formule laisse entendre que le processus électoral entre dans sa phase irréversible, excluant définitivement toute négociation de dernière minute.

Le RHDP adopte une stratégie de pression temporelle pour contraindre l'opposition à accepter les règles du jeu. "Ces derniers seront contraints d'attendre les prochaines échéances électorales", affirme le ministre d'État sans ménagement. Cette perspective d'un report de cinq ans constitue un enjeu politique considérable pour des leaders vieillissants comme Laurent Gbagbo, âgé de 80 ans.

L'argumentation du pouvoir repose sur le respect de l'État de droit et refuse toute exception personnalisée. Cette intransigeance vise à légitimer l'exclusion des opposants historiques tout en se présentant comme gardien de la légalité constitutionnelle.

Le rejet de la "dictature de la minorité"

Adjoumani développe une rhétorique offensive contre l'opposition en dénonçant "la dictature de la minorité". "Ce que nous refusons aussi, c'est que l'on fasse du viol de nos textes de loi, une règle", martèle-t-il pour justifier l'intransigeance gouvernementale. Cette formulation transforme les revendications de l'opposition en atteinte à l'ordre juridique.

Le porte-parole du RHDP refuse également "le fait de considérer comme la victime, celui qui veut que l'on torde le cou à la loi, juste pour lui tailler un costume qui le rendra présidentiable". Cette image sartoriale vise directement les tentatives de contournement légal entreprises par les leaders exclus. Adjoumani retourne l'accusation de victimisation contre ses adversaires politiques.

"L'éligibilité est conférée par la loi qui est l'émanation du peuple souverain de Côte d'Ivoire", philosophe le ministre en donnant une dimension démocratique à l'exclusion. Cette argumentation présente la radiation des opposants comme l'expression de la volonté populaire plutôt que comme une décision politique du pouvoir.

Un cadre démocratique sous surveillance

Malgré cette fermeté, Adjoumani revendique la tolérance du régime en citant la manifestation de l'opposition du samedi précédent. "Cette manifestation a été encadrée de façon républicaine par les forces républicaines. Et tout s'est bien déroulé. Aucune violence, aucune arrestation", se félicite-t-il pour démontrer l'ouverture démocratique du pouvoir.

Cette référence vise à désamorcer les critiques sur l'autoritarisme tout en fixant les limites acceptables de la contestation. "Nous espérons simplement que cela serve d'exemple aux autres 'bagarreurs' qui veulent se battre pour se battre", prévient le ministre d'État en qualifiant péjorativement les opposants les plus virulents.

"Il y a une ligne rouge pour tout le monde, à ne pas franchir : le désordre et la violence", conclut Adjoumani en définissant les contours de la liberté d'expression autorisée. Ce message d'équilibre entre tolérance et fermeté caractérise la stratégie gouvernementale à l'approche de l'élection présidentielle du 25 octobre 2025.

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