Laurent Gbagbo, quel discours au peuple ivoirien à l'approche de l'élection ?

Le président du PPA-CI Laurent Gbagbo prépare un discours publique dans les prochains jours. Cette annonce intervient après les violences qui ont émaillé les manifestations de l'opposition le 11 octobre dernier à Abidjan et dans plusieurs villes du pays. Son Conseil stratégique et politiqu e s'est réuni mercredi à son cabinet d'Attoban pour analyser la situation.

Le contexte est explosif à neuf jours du scrutin présidentiel du 25 octobre. Le PPA-CI accuse le pouvoir d'avoir « instrumentalisé les institutions » pour écarter les candidats Laurent Gbagbo, Cheick Tidjane du PDCI et Pascal Affi N'Guessan du FPI. La formation politique dénonce « les dérives autocratiques » du président Alassane Ouattara qui « s'obstine à briguer un quatrième mandat anticonstitutionnel ».

Les chiffres avancés par l'opposition glacent. Deux personnes seraient décédées lors de la dispersion des cortèges. Un bébé de deux ans aurait été « étouffé par les gaz lacrymogènes » dans une cour du village d'Abié, selon le PPA-CI. À Bonoua, ville située à 60 km au sud-est d'Abidjan, le jeune Allouan Ernest a été « atteint au cou d'une balle » et « est décédé quelques heures plus tard sur la table d'opération », affirme le parti qui rejette la version officielle de la police.

Le bilan humain s'alourdit avec « une trentaine de blessés et plus de 700 personnes interpellées ». Parmi elles, 65 ont été placées sous mandat de dépôt à la prison d'Abidjan. Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, a présenté ces éléments lors de la session extraordinaire du conseil. Il a détaillé « les attaques perpétrées dans les domiciles et les multiples tentatives d'enlèvement des cadres de l'opposition ».

L'organisation de défense des droits humains hausse le ton ce mercredi. « Le recours à des interdictions générales des manifestations montre que les autorités ivoiriennes échouent à respecter le droit à la liberté de réunion pacifique », dénonce Marceau Sivieude, directeur régional pour l'Afrique de l'Ouest. Selon Amnesty, 255 personnes ont été arrêtées lors de la manifestation du 11 octobre à Abidjan.

L'ONG rappelle que le Conseil national de sécurité a annoncé le 2 octobre toutes les « mesures nécessaires » pour maintenir l'ordre, incluant l'interdiction de toute manifestation contestant les décisions du Conseil constitutionnel. « La manifestation pacifique est un droit, non un privilège », martèle Marceau Sivieude qui exige la libération immédiate des personnes détenues « pour le simple fait d'avoir exercé pacifiquement leurs droits ».

Le PPA-CI réaffirme sa détermination à poursuivre le combat « dans le cadre du Front commun » qui regroupe son parti et le PDCI-RDA. « Aucune autre voie ne se présente au peuple ivoirien épris de liberté et de justice que celle de la résistance à ce régime dictatorial », assène le communiqué du parti. Laurent Gbagbo « suit de très près les événements qui se déroulent depuis quelques jours », précise la note diffusée après la réunion de mercredi.

Les deux partis d'opposition ont appelé le 12 octobre à des manifestations quotidiennes pour réclamer un dialogue politique. Une perspective qui inquiète alors que 44 000 membres des forces de sécurité ont été déployés dans tout le pays. Le 11 octobre au soir, les forces de l'ordre ont même temporairement encerclé la résidence de Pascal Affi N'Guessan avant de se retirer.