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Interview au journal Libération, Thiam critique le bilan de Ouattara : "La croissance ivoirienne n'est qu'un mirage"

Mardi 29 Juillet 2025

Dans une interview accordée au journal Libération, Tidjane Thiam qualifie démontant le bilan économique d'Alassane Ouattara et qualifie la croissance ivoirienne de "mirage".


Interview au journal Libération, Thiam critique le bilan de Ouattara © Crédit photo DR
Interview au journal Libération, Thiam critique le bilan de Ouattara © Crédit photo DR
Tidjane Thiam sort du silence dans une interview accordée au journal français Libération. L'ancien banquier de 63 ans, écarté de la course présidentielle d'octobre, livre un réquisitoire sans concession contre quinze ans de pouvoir d'Alassane Ouattara. Depuis son exil parisien imposé en mars dernier, le président du PDCI-RDA ne mâche plus ses mots.

Sa candidature invalidée pour des questions de double nationalité, l'ex-ministre du Plan transforme sa frustration en offensive politique. Dans cet entretien fleuve, il démonte point par point ce qu'il considère comme les mensonges du régime en place. "La croissance n'est qu'un mirage face aux régressions sociales", assène-t-il d'emblée, chiffres à l'appui.

Une exclusion politique orchestrée

"Une armada d'avocats dépêchés par le pouvoir ont passé au peigne fin le droit ivoirien" pour l'écarter, dénonce Tidjane Thiam. L'article 48 d'une loi de 1961, jamais appliqué en 64 ans d'existence, devient soudain l'arme de son exclusion. "Jamais cet article n'a été utilisé pour déchoir quiconque de sa nationalité avant moi !", s'indigne l'opposant.

Le processus judiciaire l'indigne particulièrement. La présidente du Tribunal de grande instance d'Abidjan a statué "avec une célérité record" sur sa déchéance de nationalité, sans respecter la procédure légale. Pour Thiam, cette manipulation fragilise la démocratie ivoirienne et révèle la peur du pouvoir face à sa popularité croissante.

Des chiffres qui démentent le miracle économique

L'espérance de vie révèle l'échec social du régime Ouattara. À 59 ans en Côte d'Ivoire contre 68 ans au Sénégal voisin, l'écart choque l'ancien économiste. "Si mon pays avait la même espérance de vie que le Sénégal, ça ferait 93 000 morts en moins chaque année", calcule-t-il froidement.

L'indice de développement humain confirme cette régression : 159e place mondiale en 2023 contre 125e en 1999. "On a perdu 34 places, c'est énorme", souligne Thiam. Avec 47% d'analphabètes et un niveau scolaire dégradé, la croissance affichée de 6 à 7% masque une réalité sociale dramatique selon lui.

L'opposition sous pression

La répression s'intensifie contre ses partisans. Henri-Joel Ndri Kouadio, responsable jeunesse du PDCI, a été arrêté le 2 juillet dernier. "Près d'une dizaine de nos militants ont été jetés en prison" pour avoir simplement appelé à manifester pacifiquement, révèle l'opposant exilé.

Le système électoral lui-même pose problème. Avec seulement 2 représentants de l'opposition sur 18 membres à la Commission électorale nationale, et 940 000 nouveaux électeurs inscrits l'an passé, la bataille démocratique reste inégale. "Il n'y a ni démocratie ni croissance miracle en Côte d'Ivoire", conclut-il amèrement.

Tidjane Thiam rejette l'attente d'un soutien extérieur. "La Bastille en 1789 n'a pas été prise par l'ONU", rappelle-t-il dans une formule saisissante. Cette position tranche avec l'attentisme habituel de l'opposition africaine face aux puissances occidentales.

Malgré son exclusion, il maintient sa mobilisation. Ses 140 000 parrainages obtenus dépassent largement les 40 000 requis, et un sondage le plaçait en tête d'un éventuel scrutin en avril. L'alliance récente entre le PDCI et le parti de Laurent Gbagbo témoigne de sa stratégie de rassemblement de l'opposition.

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