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Marche du 11 octobre à Abidjan : les raisons d'une interdiction

Vendredi 10 Octobre 2025

L'arrêté préfectoral interdit la manifestation du Front commun PPA-CI PDCI (opposition ivoirienne) ce samedi 11 octobre 2025 à Abidjan.


Le préfet interdit la marche du Front commun PPA-CI PDCI du 11 octobre à Abidjan © Crédit photo DR
Le préfet interdit la marche du Front commun PPA-CI PDCI du 11 octobre à Abidjan © Crédit photo DR
La marche du Front commun PPA-CI PDCI du 11 octobre à Abidjan n'aura pas lieu, du moins selon les autorités. Le préfet Andjou Koua a signé jeudi l'arrêté n°093 qui interdit « toute marche sur l'étendue du territoire du département d'Abidjan ». Deux arguments pèsent dans la balance : « aucune marche n'a été déclarée » pour cette date et la « nécessité de maintenir l'ordre public en cette période de campagne pour l'élection présidentielle du 25 octobre ».

C'est la deuxième fois en moins d'une semaine que l'opposition ivoirienne se voit barrer la route. Le Front commun PPA-CI PDCI avait déjà essuyé un refus pour sa mobilisation du 4 octobre. Les forces politiques regroupées autour de cette alliance avaient alors choisi le 11 octobre, date qui coïncide avec le début officiel de la campagne électorale, fixée du 10 au 23 octobre. Un calendrier que les autorités comptent bien contrôler.

L'absence de déclaration préalable

Le préfet pointe du doigt un problème de forme. Dans son arrêté, il souligne qu'aucune déclaration officielle de marche n'a été enregistrée pour le 11 octobre. Pourtant, le Front commun avait bien annoncé ses intentions. Me Habiba Touré, porte-parole de l'alliance, a diffusé un communiqué précisant le lieu de rassemblement : « Rond-point de l'église Saint-Jean à Cocody dès 8 heures ». L'itinéraire devait emprunter le boulevard Latrille jusqu'au carrefour Sococé.

« La marche pour la démocratie, la justice et la paix aura bien lieu », insiste la porte-parole dans son communiqué publié jeudi soir. Une position qui entre en contradiction frontale avec l'arrêté préfectoral. Entre déclaration publique et procédure administrative, le fossé semble difficile à combler. Les sous-préfets, maires des communes, le commandant de région territoriale de la gendarmerie et le préfet de police ont reçu instruction d'appliquer l'interdiction.

Un contexte sécuritaire tendu

L'argument de l'ordre public ne relève pas du hasard. Le Conseil national de sécurité (CNS), réuni vendredi sous la présidence d'Alassane Ouattara, a donné le ton. « Toute contestation des décisions du Conseil constitutionnel, de quelque nature qu'elle soit, est illégale et expose ses auteurs aux sanctions prévues par la loi », prévient l'instance dans son compte-rendu. Les ministres de la Justice et de la Sécurité ont reçu des instructions claires pour « maintenir l'ordre et la sécurité ».

Le CNS va plus loin en évoquant « des propos à caractère xénophobe, haineux et subversif » tenus depuis le 8 septembre, date de publication de la liste définitive des candidats à la présidentielle. Sur 60 dossiers déposés, seuls cinq ont été retenus par le Conseil constitutionnel, dont ceux de Jean-Louis Billon, Simone Ehivet et Alassane Ouattara. Cette sélection drastique nourrit les tensions dans le paysage politique ivoirien.

L'opposition persiste et signe

Face à l'interdiction, le Front commun ne recule pas. « L'ensemble des militantes, militants, sympathisantes, sympathisants, ainsi que tous les Ivoiriennes et Ivoiriens épris de justice, de démocratie et de paix sont attendus », lance Me Habiba Touré. Un appel qui résonne comme un défi aux autorités, quinze jours avant le scrutin présidentiel.

« Pour la paix, il n'est pas trop tard », conclut la porte-parole. Une formule qui traduit l'urgence ressentie par l'opposition dans un climat politique sous haute tension. Samedi matin, à Cocody, on saura si les militants ont répondu à l'appel malgré la menace de sanctions. Les forces de l'ordre seront sur le terrain pour faire respecter l'arrêté du préfet.

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