Ahoua Don Mello reconnaît sa défaite à la présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire et appelle au dialogue

Ahoua Don Mello a pris la parole ce 28 octobre 2025, deux jours après la publication des résultats provisoires de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire. Le candidat indépendant reconnaît sa défaite sans détour. « Nous avons perdu un match, mais nous avons gagné les esprits par notre programme », écrit-il dans sa déclaration officielle. Un constat d'échec électoral, mais pas politique selon lui, puisqu'il estime avoir « convaincu plusieurs dizaines de milliers d'Ivoiriens sur tout le territoire national » en moins de deux mois de campagne.

Le candidat remercie d'abord ses soutiens. Il cite nommément Lamoussa Djinko du Renouveau Démocratique de Côte d'Ivoire, FIENI Keyin du Pro-Côte d'Ivoire, Hérode SERY du CRI DU PEUPLE, BLET Richard de l'ANC, MOGNON Michel et PIENI Kevin de RASADM. Tous avaient décidé de le rejoindre après son exclusion de la course par le Conseil Constitutionnel, avant d'être finalement réintégré. Il salue aussi Mme AKEBLI Angela, présidente de RID, qui l'a soutenu « dans cette conquête de l'alternance ».

Ahoua Don Mello ne cache pas sa colère face aux conditions du scrutin. Il dénonce « l'apocalypse annoncée et par la psychose de confrontation entretenue par la tension entre le pouvoir et une partie de la population qui a décidé de boycotter cette élection ». Selon lui, ces Ivoiriens ont été « contrariés » et cela a « entraîné des dégâts matériels importants et des pertes en vies humaines ». Le candidat pointe directement du doigt le climat de peur qui aurait empêché les électeurs de se déplacer.

Il liste ensuite les dysfonctionnements observés. La mission conjointe UA-CEDEAO aurait relevé « de nombreuses irrégularités » : empêchement de scrutateurs, électeurs bloqués dans les bureaux de vote, bourrage d'urnes. « Là où l'opposition n'est présent et casses d'urnes, là où l'opposition a pu obtenir des scrutateurs et une avance d'un candidat de l'opposition est constatée », affirme-t-il. Une manière de dire que les résultats sont faussés selon lui. Il conclut ce passage par une formule cinglante : « La Côte d'Ivoire continue ainsi de traîner les plaies du parti-État qu'il faut soigner pour avancer sur le chemin de la démocratie. »

Malgré ces réserves, Ahoua Don Mello « prend acte des résultats provisoires de l'élection présidentielle en attendant les résultats définitifs ». Il invite ensuite le futur président, « qui sera sans surprise Monsieur Alassane OUATTARA », à prendre des mesures d'apaisement. En tête de ses demandes : libérer les prisonniers politiques, permettre le retour des exilés, indemniser les victimes d'affrontements et « ouvrir le dialogue pour avoir un consensus sur toutes les questions qui divisent la Côte d'Ivoire ».

L'objectif affiché : « faire passer enfin la Côte d'Ivoire du parti-État vers un État démocratique ». Ahoua Don Mello plaide aussi pour « la souveraineté économique et financière » du pays, appelant le président à « juguler le chômage et les emplois précaires pour mieux partager les fruits de la croissance ». Un programme social qu'il avait porté durant sa campagne et qu'il souhaite voir mis en œuvre par le vainqueur.

Le candidat battu termine sa déclaration par un vœu pour l'avenir. « Nous invitons une fois de plus le gouvernement à conduire la Côte d'Ivoire vers la démocratie qui permettra d'avoir des élections justes, transparentes, inclusives », écrit-il. Son objectif : « éviter les éternels cauchemars qui entourent les élections » dans le pays. Une allusion directe aux crises post-électorales qui ont marqué l'histoire récente de la Côte d'Ivoire.

Ahoua Don Mello signe sa déclaration depuis Abidjan ce 28 octobre 2025, soit trois jours après le scrutin du 25 octobre. Il exprime également « sa compassion à toutes les victimes de la tension préélectorale et électorale » et souhaite « qu'une juste réparation des préjudices soit effectuée ». Reste à savoir si ces appels au dialogue trouveront écho auprès du pouvoir en place.