Thiam sort de sa réserve dans une interview accordée au journal français Libération. L'ancien banquier international, écarté de la course présidentielle d'octobre prochain, livre ses vérités sur quinze ans de pouvoir d'Alassane Ouattara. Depuis son exil parisien forcé en mars dernier, le président du PDCI-RDA abandonne la diplomatie pour l'attaque frontale. "Alors si leur bilan est si fabuleux, de quoi ont-ils peur ? Pourquoi s'acharnent-ils contre moi ?", interroge-t-il.
Cette sortie médiatique marque un tournant dans le discours de l'opposant de 63 ans. Longtemps considéré comme l'enfant prodige ivoirien, l'ex-ministre du Plan transforme sa frustration personnelle en offensive politique généralisée. Sa candidature invalidée pour double nationalité devient le prétexte d'un réquisitoire sans concession contre le système Ouattara.
Cette sortie médiatique marque un tournant dans le discours de l'opposant de 63 ans. Longtemps considéré comme l'enfant prodige ivoirien, l'ex-ministre du Plan transforme sa frustration personnelle en offensive politique généralisée. Sa candidature invalidée pour double nationalité devient le prétexte d'un réquisitoire sans concession contre le système Ouattara.
L'exclusion juridique contestée
"Une armada d'avocats dépêchés par le pouvoir ont passé au peigne fin le droit ivoirien pour trouver un moyen de m'écarter", dénonce Thiam dans l'entretien. L'article 48 d'une loi de 1961, jamais appliqué en 64 ans d'existence, devient l'instrument de son éviction. "Jamais cet article n'a été utilisé pour déchoir quiconque de sa nationalité avant moi !", s'indigne l'opposant.
La procédure judiciaire elle-même pose question selon lui. La présidente du Tribunal de grande instance d'Abidjan a statué "avec une célérité record" sur sa déchéance, sans décret préalable pourtant exigé par la loi. Une militante PDCI mécontente, installée "dans un hôtel de luxe à Abidjan, sous protection de la garde républicaine", conteste parallèlement son élection à la tête du parti historique.
La procédure judiciaire elle-même pose question selon lui. La présidente du Tribunal de grande instance d'Abidjan a statué "avec une célérité record" sur sa déchéance, sans décret préalable pourtant exigé par la loi. Une militante PDCI mécontente, installée "dans un hôtel de luxe à Abidjan, sous protection de la garde républicaine", conteste parallèlement son élection à la tête du parti historique.
Les chiffres qui dérangent
L'ancien économiste sort l'artillerie lourde pour contester le bilan gouvernemental. L'espérance de vie ivoirienne de 59 ans contre 68 au Sénégal voisin révèle selon lui l'échec social du régime. "Si mon pays avait la même espérance de vie que le Sénégal, ça ferait 93 000 morts en moins chaque année", calcule-t-il froidement.
L'indice de développement humain confirme cette régression : 159e place mondiale en 2023 contre 125e en 1999. "On a perdu 34 places, c'est énorme", souligne Thiam. Avec 47% d'analphabètes et une démographie galopante de 3% par an, la croissance affichée de 6 à 7% masque une réalité dramatique. "C'est un mirage", tranche l'opposant.
L'indice de développement humain confirme cette régression : 159e place mondiale en 2023 contre 125e en 1999. "On a perdu 34 places, c'est énorme", souligne Thiam. Avec 47% d'analphabètes et une démographie galopante de 3% par an, la croissance affichée de 6 à 7% masque une réalité dramatique. "C'est un mirage", tranche l'opposant.
La répression dénoncée
"Près d'une dizaine de nos militants ont été jetés en prison", révèle Thiam dans l'interview Libération. Henri-Joel Ndri Kouadio, responsable jeunesse du PDCI, a été arrêté le 2 juillet pour avoir appelé à manifester pacifiquement. Cette répression s'appuie sur "une loi inique qui permet d'appréhender n'importe qui au nom du soupçon de trouble à l'ordre public".
Le système électoral lui-même dysfonctionnerait. Seulement 2 représentants de l'opposition siègent sur 18 membres à la Commission électorale nationale. Les 940 000 nouveaux électeurs inscrits l'an passé ne pourront pas voter, la révision des listes étant reportée après l'élection d'octobre. "Comme si l'arbitre disait, vous pouvez marquer des buts, mais après le match", ironise l'ex-banquier.
Thiam rejette catégoriquement l'attente d'un soutien international. "La Bastille en 1789 n'a pas été prise par l'ONU", rappelle-t-il dans une formule saisissante. Cette position tranche avec l'attentisme habituel de l'opposition africaine face aux chancelleries occidentales.
Malgré son exclusion, il maintient sa dynamique politique. Ses 140 000 parrainages dépassent largement les 40 000 requis, témoignant de sa popularité. Un sondage commandité par l'ancien directeur de cabinet de Barack Obama le plaçait en tête d'un éventuel scrutin en avril dernier. L'alliance récente entre le PDCI et le parti de Laurent Gbagbo illustre sa stratégie de rassemblement oppositionnel.
Le système électoral lui-même dysfonctionnerait. Seulement 2 représentants de l'opposition siègent sur 18 membres à la Commission électorale nationale. Les 940 000 nouveaux électeurs inscrits l'an passé ne pourront pas voter, la révision des listes étant reportée après l'élection d'octobre. "Comme si l'arbitre disait, vous pouvez marquer des buts, mais après le match", ironise l'ex-banquier.
Thiam rejette catégoriquement l'attente d'un soutien international. "La Bastille en 1789 n'a pas été prise par l'ONU", rappelle-t-il dans une formule saisissante. Cette position tranche avec l'attentisme habituel de l'opposition africaine face aux chancelleries occidentales.
Malgré son exclusion, il maintient sa dynamique politique. Ses 140 000 parrainages dépassent largement les 40 000 requis, témoignant de sa popularité. Un sondage commandité par l'ancien directeur de cabinet de Barack Obama le plaçait en tête d'un éventuel scrutin en avril dernier. L'alliance récente entre le PDCI et le parti de Laurent Gbagbo illustre sa stratégie de rassemblement oppositionnel.